Une douzaine de mineurs formés à la photographie d’art
De juillet et ce jusqu’en décembre, le Collectif Génération Elili (groupe de jeunes photographes) a formé 12 enfants de l’espace Jarot, (pensionnat abritant des enfants de la rue) à la photographie. Une expérience prometteuse car les travaux de quatre mineurs feront l’objet d’une exposition tout prochainement à l’institut français de Brazzaville.
Blaise Okandza 13 ans regarde à travers le viseur de son appareil photo. Il est visiblement content et savoure avec ses amis ces instants. Placé devant un mur, il s’agenouille délicatement et s’apprête à prendre sa première prise de la journée. Même hardiesse pour Destin Akoula 14 ans, qui vient d’intégrer le groupe. Destin comme les autres « disciples » sont très excités à l’idée d’aller sur le terrain et faire leur reportage.
Formés tous les samedis à l’espace Jarot, Destin, Blaise et les autres se sont non seulement familiarisés aux outils et notions de la photographie mais ils ont aussi appris à s’exprimer au travers de cet art. Une manière pour le collectif de promouvoir le talent de ces jeunes pousses, comme nous l’a révélé Baudouin Mouanda photographe congolais et figure émergente de la photographie africaine.
Une initiative que Sir Daniel Samba psychologue de l’association ENCRED (enfance créative de développement) apprécie et souhaiterait en faire bénéficier aux enfants de son centre « il y a peu d’opportunités données à nos enfants de développer leurs talents artistiques aujourd’hui avec la photographie d’art, on peut faire plein de choses » a reconnu Sir Daniel qui estime que cette formation serait comme un loisir après les cours mais pourrait aussi devenir comme un élément déclencheur de talents cachés auprès des enfants.
Une idée que monsieur Philip au secrétariat du département de l’enseignement professionnel de Brazzaville approuve car explique t-il « la photographie est certes un secteur peu développé et reconnue dans notre pays mais où, beaucoup d’artistes s’en sortent et réussissent à en vivre »
« Je croyais qu’être photographe c’était se renfermer dans un studio et prendre des photos d’identité. Mais ici, j’ai appris à photographier avec mon cœur » raconte simplement Guy Richard Kouada 17 ans dont les travaux et ceux de ses camarades ont été projetés un soir au siège du collectif Elili et où les habitants du quartier étaient conviés. Bien que novice dans le métier, ces jeunes photographes sont unanimes, ils envisagent faire de la photographie leur métier car a fait savoir Blaise « durant six mois j’ai pris beaucoup de plaisir à tenir entre mes mais l’appareil photo, à photographier des choses qui à première paraissaient anodins mais qui avait beaucoup d’importance pour moi » a avoué Blaise qui espère apprendre davantage pour un jour initier ses camarades à cet art.
« Avant certaines personnes se moquaient de nous et quand ils ont vu nos travaux, ils n’en revenaient pas, il y a même des gens qui nous félicitent dans le quartier. Beaucoup pensent parce qu’on est enfant de la rue on ne peut rien faire que quémander » a fait savoir Blaise (sélectionné pour l’exposition) qui veut devenir une star de la photo afin que ces travaux soient publiés dans les magazines du monde entier.
Une reconnaissance qui ne serait tardé comme le témoigne monsieur Massamba Antoine agent de la mairie de Makélékélé, première arrondissement de Brazzaville. « Lors d’une projection photo au siège du Collectif Elili, j’ai vu les photos réalisées par les enfants de l’espace Jarot. En fait je ne m’attendais pas à cela, car on a tellement des préjugés sur ces enfants qu’on oublie que ce sont des personnes à part entière avec des dons comme tous les autres » a fait savoir Antoine qui regrette que ces genres d’initiatives intéressent peu les autorités locales de cet arrondissement.
Mais Baudouin est catégorique « pour ce premier atelier, le collectif a pensé travailler seul excluant expressément les autorités locales. Connaissant l lenteur des administrations congolaises, nous avons pensé intéresser les autorités locales dans les jours à venir » a fait savoir Baudouin.
Financé entièrement par la Fondation Almayuda, Ngoma Richard Fabrice, directeur artistique adjoint du Collectif Elili et formateur des enfants explique le but de ce projet « L’'atelier a offert à ces jeunes une occasion unique de se familiariser avec la photographie et de développer leur sensibilité par rapport à leur environnement et chacun était libre de traiter le sujet qui lui tenait à cœur » a fait savoir Richard Fabrice dont la plus grande satisfaction a été de voir au fil des jours ces enfants se passionner à la photographie. Et son souhait le plus cher est de voir les quatre enfants retenus pour l’exposition et bien sure les autres intégrer les rangs du collectif.
Mais en attendant de devenir une star de photo et d’intégrer les rangs du collectif Elili, Blaise et ses amis s’activent pour l’heure à amender leurs travaux en vue de la prochaine exposition prévue pour le mois de février. Une visibilité qui permettra à ces enfants de la rue de révéler leur sensibilité artistique, d’engendrer leur propre forme de création et pourquoi pas d’affirmer leur identité.
Annette Kouamba Matondo
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