Basango-ya-Brazza.

Les mystères de la terre pourpre

« Les mystères de la terre pourpre », a été présenté tout dernièrement à l’hôtel de la préfecture le 24 avril dernier à Brazzaville. Œuvre collégiale conduite par les artistes  Tima Ouamba, romancier, Valéry Badika Nzila Badikart et Roy Chanel Depoeck, tous deux bédéistes a donné naissance à une bande dessinée qui relate la cruauté de la guerre de 1997 au plus près «  J’avais l’impression de vivre cette guerre dans ma chaire. Jour après jour, mes pensées allaient à l’endroit de ma famille, amis et connaissances et bien sure à l’endroit de tous mes compatriotes »  a confié Tima Ouamba. Une œuvre qui va  certainement enrichir le paysage de la littérature congolaise.

Alors que les congolais s’apprêtent à aller aux urnes l’année prochaine, Tima Ouamba, qui a dernièrement présenté son nouvel ouvrage à la presse, « Les mystères de la terre pourpre » n’a pas hésité un instant à replonger l’assistance en particulier et les congolais en général 20 ans plus tôt, lors du conflit socio politique de 1997 et dont les conséquences abjects demeurent autant imprégnées dans les esprits des congolais. C’est donc une sorte de sonnette d’alarme que l’auteur lance afin d’exhorter les congolais à ne plus choir dans les mêmes erreurs.

Urnes ou changement de constitution? Une question à laquelle Tima répond sans mettre de gant à la page 26 «  Il existe des exemples imminents de constituions n’ayant pas subi de révision depuis des décennies. Or cela n’empêche pas la génération actuelle d’être en phase avec celle-ci. Une constitution ne doit pas et ne peut être rédigée au profit d’une personne ou d’un groupe de personnes, mais pour le bien de tous et des générations futures. Posons de vraies questions, sans tabou et sans passion. Notre constitution est-elle adaptée à notre idéale de société ».

Vendu à 3500FCFA dans les librairies et quelques établissements scolaires de la place, cette BD de 59 pages, tirée du roman de l’auteur Terre pourpre, publié en 2007, nous livre un aperçu de la guerre civile de 1997, période sanglante qui a engendré la perte de plusieurs vies humaines. S’il est question de guerre dans cet ouvrage, l’auteur insiste pourtant sur les notions de civilité de paix et de réconciliation ; des caractéristiques qui permettront aux congolais de résister devant toutes formes de tribalisme (commandité ou pas) afin de préserver la paix chèrement acquise.

Ainsi, au delà de ce récit de guerre, c’est aussi trois auteurs (Valéry- Badika Nzila Badikart, bédéiste, scénariste, et caricaturiste et enseignant aux beaux de Brazzaville, Roy  Chanel Depoeck bédéiste et Tima Ouamba romancier) qui ont mi leur savoir faire en commun et ont fais fis de leurs différences. Résultat ce magnifique ouvrage qui parlera davantage à la nouvelle génération. En effet la simplicité de la narration a séduit Tsamoukounou Grace, en classe de terminale C au lycée Anne Marie Javoueh. «  Je suis née une année avant cette guerre, et je n’avais vraiment pas d’informations sur cet horrible drame. Mes parents n’en parlent jamais. Je sais seulement qu’on s’était refugié dans le village de mon grand père. J’espère seulement qu’on ne tombera plus dans les mêmes horreurs. Ce qui est sure, je ne veux pas être séparée de mes amies » a fait savoir la lycéenne qui veut aller paisiblement l’année prochaine à l’université.

Enfin, « Les mystères de la Terre pourpre », ne pouvait apparaitre à un moment plus opportun alors que le débat sur le changement de la constitution et sur les élections occupent les esprits de la plupart des ménages congolais. Un ouvrage actuel et politique qui invite au débat politique, mais l’auteur humain et social aspire avant tout à la paix et en a fait son leitmotiv imitant ainsi la démarche du Dalaï Lama  qui disait « C’est en parvenant à nos fins par l’effort, en étant prêt à faire le sacrifice de profits immédiats en faveur du bien être d’autrui à long terme, que nous parviendrons au bonheur caractérisé par la paix et le contentement authentique »

Berna Marty