Très peu de femmes chefs dans les quartiers
(CRP/Syfia) Dolisie compte une minorité de femmes chefs de quartiers, blocs ou zones. Chez les hommes, mais aussi chez les femmes elles-mêmes, les préjugés sont tenaces. Au Congo Brazzaville, un décret présidentiel fixe pourtant la parité dans toutes les instances de prise de décisions.
"Dans notre bureau du quartier Balumbu, je suis l’unique femme chef de zone. Au total, le quartier compte quatre zones et neuf blocs",déclare Jeanne Edith Dousséveni, chef de zone dans le 1er arrondissement de Dolisie. Ce que confirme Munier Milolo, chef dudit quartier : "Je n’ai qu’une femme chef de zone et une autre qu'on vient de nommer chef de bloc… C’est triste, mais c’est la réalité, les femmes sont peu représentées !" Enthousiaste, Jeanne Edith occupe cette fonction depuis 2007 : "Je suis très contente d'être à ce poste. Je n'ai pas de difficultés particulières. Nous travaillons ensemble avec les hommes."
A Dolisie, comme dans un grand nombre de localités du Congo, les femmes sont peu représentées dans les bureaux des quartiers. Pourtant, un décret présidentiel du 25 mai 2007 (article 61), fixe à 15 % leur représentativité dans la sphère politique et la gestion de la cité. Jean Paul Deckous, administrateur maire du 1er arrondissement, ne peut que constater le décalage avec la réalité : "Sur les quinze quartiers de l’arrondissement 1, aucune femme n’est chef de quartier. Seules trois d’entre elles sur 54 sont chefs de zones et une seule chef de bloc sur les 114 postes du quartier 104, Balumbu."
Aussi bien que les hommes
Faible représentativité des femmes également dans le 2e arrondissement, fait savoir Joseph Koumba, chef du quartier 213 dit "Unité" :¨"Ici, sur quatre chefs de zone, il n’y a qu’une femme. Et elles ne sont que deux sur neuf chefs de blocs. Les femmes sont occupées par les activités du foyer et la religion. Elles refusent d'occuper des postes à responsabilités. Elles se disent indisponibles." Munier Milolo observe les mêmes réticences, mais pour d’autres raisons : "Au cours des réunions pour nommer les chefs de zones et de blocs, nous proposons d’abord les femmes. Mais, toutes refusent. Elles craignent les sorciers et ont peur d'être envoutées." Une explication qui semble peu rationnelle, mais que confirme Jeanne Edith : "Certaines pensent qu’il faut être sorcier pour gérer un quartier, une zone ou un bloc. Du coup, elles préfèrent soutenir les hommes…"
Edith Opene, une citoyenne de l’arrondissement 1, dénonce plutôt le manque de volonté des hommes : "A notre époque, si les femmes ne sont pas chefs de quartiers et autres, c’est tout simplement parce que les responsables ne veulent pas les nommer !" A en juger par leurs résultats, les rares femmes aux commandes ont une gestion satisfaisante aux yeux des populations et de leurs collègues hommes. "L’unique chef de zone qui est dans mon bureau est très dynamique et active. Quand on lui confie les missions, elle les applique à la loupe, plus que certains hommes !", souligne Munier Milolo. Son collègue du quartier 213 "Unité", pense que "du point de vue intellectuel, le rendement des femmes est identique à celui des hommes."
Jean Paul Deckous conclut : "Les critères pour être nommé sont les mêmes pour les femmes et les hommes. Il faut habiter dans le quartier et savoir lire et écrire." Pas de quoi, a priori, entraver la marche des femmes vers les postes à responsabilités locales…
Victor Bivihou
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