Portrait de Dieudonné Niangouna
De l’enfant timide au comédien épanouie
L’audience congolaise peut être fière de la nouvelle génération des comédiens qui portent désormais les couleurs du théâtre local aux quatre coins du monde. Tel est le cas de Dieudonné Niangouna, auteur, comédien, metteur en scène, directeur artistique de la Cie « les Bruits de rue » et actuel directeur du festival international de théâtre Mantsina sur scène. Couronné en 2005 d’une bourse d’écriture de l’Association Beaumarchais, il a été nommé depuis l’année dernière artiste associé au festival d’Avignon. Nous avons rencontré une femme, Ngongo Marie, sa mère qui nous parle avec beaucoup d’émotion de l’enfance de Dieudonné et de l’artiste talentueux qu’il est devenu.
Dieudonné voit le jour dans le quartier de Mpissa (Bacongo) en 1976 au sein d’une grande famille. « C’est un enfant qui parle peu, à la limite taciturne » nous confie Ngongo Marie sa mère. Un fait caractéristique qui l’exclut par moment de sa fratrie et ne semble pas pour autant affecter l’enfant qui trouve son bonheur à imiter les acteurs dans les films qu’il voit dans la journée. « Dieudonné passait des heures devant la télé à regarder les films, puis il s’éloignait dans un coin de la parcelle dans le secret pour reproduire ce qu’il avait vu » dévoile sa mère.
Mais au fil des ans, sa conduite commence à inquiéter son père (feu Niangouna, premier grammairien congolais) qui le réprimande gentiment devant ses frères et sœurs. Des moments qui enchaînent des fous rires familiaux ponctués de disputes et bagarres dans la grande famille.
Dido comme l’appelle ses proches est dorénavant vacciné face à ces plaisanteries, il s’accroche à ses rêves et vit dans sa petite bulle. « Je n’ai pas en mémoire avoir vu Dieudonné jouer au ballon comme tous les autres garçons. A la maison avec ses petits frères, il s’adonnait à ses rêves en leur racontant des histoires en imitant des acteurs de film. Aujourd’hui, je ne m’étonne pas qu’il soit ce talentueux comédien » a témoigné sa mère fière.
Pourtant, avant que Dieudonné prenne son envol dans les chantiers de la scène, il a fallut l’intervention de son père. Pour mettre fin à ses rêveries son père décide de l’initier à la lecture et l’offre son premier livre intitulé « Ah qu’ils sont bons quand ils sont cuits ». Un livre qui ne le quitte plus et l’aide à forger sa passion pour l’écriture mais aussi des images comme l’a souligné sa mère.
Par ailleurs, si son parcours scolaire se fait sans heurts jusqu’en classe de troisième, Dieudonné ne se sent pas à sa place quand il arrive en seconde au lycée général, il choisit de suivre un tout autre parcours. Il opte pour l’école des beaux arts, option plastique et décroche sans difficulté son examen. Alors qu’il se met au dessin, ses rêves d’enfance ressurgissent et Dieudonné se retrouve très vite sur les planches, coaché par Massengo Mabongolo, comédien congolais. L’artiste a enfin trouvé sa voie, il laisse tout tomber et fait le choix de vivre pleinement du théâtre.
Sa première pièce « L’appel de Ténéré » lui ouvre les portes de la scène. En 1994, il joue devant ses parents au Centre de formation et de recherche d’art dramatique, (CFRAD). Son père est sitôt convaincue de son talent et lui donne sa bénédiction « Dieudonné nous avait tous éblouie ce jour, mais je reste aussi convaincue que ses talents de peintre sont sous jacents car il continue à peintre quand il a le temps libre » a confessé sa mère.
La suite vous le savez, aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre d’années. Figure de proue du paysage théâtral congolais, ces textes sont adaptés partout dans le monde et connaissent un véritable triomphe au Europe et plus particulièrement en France. Il s’agit entre autre de Patati patata et les tralalas, Carré blanc, Banc de touche. Bye ! Bye !, Intérieur-Extérieur Attitude Clando, Les Inepties Volantes, My name is, Le Socle des vertiges…
Sa popularité ne lui monte pas à la tête, il est resté humble et prêt à aider les autres comme l’a fait savoir sa mère, « Dido est devenu plus ouvert et je pense que le théâtre y a beaucoup contribué. Le théâtre est pour lui comme un défoulement, comme si le secret qu’il gardait enfouie au fond de lui a subitement explosé et lui a permis d’accéder au monde de son vouloir. Je pense qu’il est très heureux de faire ce métier et je ne peux que lui souhaiter un bel avenir, c’est le souhait de toute mère je pense »
Un vœu exaucé puisque son opiniâtreté à vouloir faire vivre le théâtre congolais a donné ces fruits.
Annette Kouamba Matondo
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