Note de voyage Dak’Art Mai 2014
Le séjour est trop court (deux semaines) mais s’annonce d’ores et déjà existant au vue de la programmation que nous distribue Christ, (administrateur des ateliers Sahms dont la directrice artistique est Bill Kouélany) le lendemain de notre long périple. En effet, les tracasseries de la veille (l’envoie en soute des multiples et énormes caisses des œuvres des artistes, l’attente à aéroport pendant d’interminables heures d’escale à Rabat)…n’ont pas ébréché la bonne humeur au sein de l’équipe, au diable donc tous les désagréments, les artistes une fois à Dakar se sont rapidement plongés dans la fièvre de ce grand rendez-vous. Conscients de cette belle opportunité qui leurs est offerte, artistes de Brazzaville comme d’ailleurs ceux de Kinshasa ont décidé de faire fi des différends politiques qui opposent les deux rives et ont décidé de ne parler qu’un seul langage.
Une décision qui a toute suite fait place à l’excitation et à la curiosité !
Puis la découverte du lieu de l’exposition, pas de doute, la salle plait aux artistes qui sans tarder se mettent à l’ouvrage ; cloue à la main, colle, toile, les artistes travaillent harmonieusement sous le regard des curieux qui s’arrêtent un moment, apostrophant un artiste avant de poursuivre son chemin, d’autres plus discrets font le tour et repartent poliment adressant un sourire avant de disparaitre. Au fil des jours, la salle commence à prendre forme et conscients que cette plateforme leur permettra (les artistes) de faire connaitre leurs travaux, ces derniers ne regardent pas les heures passées et travaillent sans relâche pour la grande satisfaction de toute l’équipe.
Ici le mot d’ordre est « nous » pas d’individualisme et le thème du projet est bien claire « Congo(s), esthétiques en partage ; au-delà des géographies ».
Ils partagent volontiers leurs émotions, et ne se lassent de rencontrer des artistes professionnels des arts visuels de l’Afrique. De Van Andréa, en passant par Doctrovée Bansimba, Ange Swana, Frangeska M'bouma, Armel Mouyoungui, Jérémie Kuminuna, Shaggy Luamba, Jordy Kissy Moussa, Fransix Tenda Lomba, Boris Diaboua, Pierre-Manau Ngouala, Gad-Le-Beau Loutonadio, Paul Alden M’voutoukoulou, Eddy Kamuanga, Francis Kodia, ces jeunes artistes ont proposé une belle palette d’œuvres riches et innovantes qui ont marqué les nombreux visiteurs venus au vernissage et qui sont revenus régulièrement pour échanger, discuter et parfois acquérir des œuvres.
De mon coté stylo a la main, enregistreur dans le sac, je discute, prends des notes, fait des interviews, j’ai envie de restituer toute la magie de cet instant, bref le cheminement et l’aboutissement de ce beau moment .Ce voyage m’a aussi permis de découvrir l’art contemporain dans toute sa complexité mais aussi et surtout de discuter avec les concepteurs, des personnages aux caractères bien trempés, des artistes fascinants dont l’unique souhait était de faire voir leur travail au monde. Un voyage si riche ou il m’a été difficile de trouver le coup de cœur tant chaque ouvre, avait quelque chose d’unique … Un voyage qui m’a permis de revenir avec une documentation et a tout autant influencé mon écriture à l’écoute des différents sachant intervenues lors des conférences, colloques et expositions…
Mais Dak’est m’a aussi permis de visiter la ville de Dakar est bien évidemment de faire du shipping. Je suis littéralement tombée amoureuses du marché artisanal, ou je me suis offert des présents et des présents à base de pagne (set de table, coussins, babouches, peignoir, pagne etc.). En outre, et je me suis bien régalée des chaleureux et gargantuesques poissons frais pendant les diners et que j’avais du mal à finir … Mon passage à l’ile de Gorée, que d’émotions, que de questionnements sur ce couloir du non retour. Cependant au delà ce passé lourd, Gorée, entourée de ses belles plantes luxuriantes, de ses magnifiques résidences reste une superbe citée où j’aimerai bien passer le reste de ma vie Ich Allah ! Je m’arrête un moment ici et salue notre très chère aimable guide Aissatou Cissé….
Dak’art c’est aussi quelques propos recueillis
Paul Alden de Brazzaville: « C’est une aubaine pour moi d’être en face d'artistes que je ne connaissais que de nom. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut rencontrer un Soly Cissé et discuter de sa démarche. En tout cas, j’en garde un excellent souvenir. »
« C’est un moment fort, car lors de ces rencontres on pouvait aborder non seulement les artistes, mais aussi les galeristes, les journalistes, des échanges qui m’ont permis d’avoir de nouvelles idées pour mon futur travail », a déclaré Francis, de Kinshasa
De l’émotion avec la visite de l’île de Gorée, où Ange Swana, une fois sortie de la maison des esclaves un peu secouée, déclare d'un ton grave face à une Aissatou amusée : « Je dois faire un travail sur le pardon et l’oubli, je dois revenir ici. Le charme de ce lieu, l’histoire de nos ancêtres m’interpellent. Je pars pour revenir alors que nos ancêtres, eux, n’avaient pas le choix, cela devait être un moment terrible. .
» Pierre-Manau Ngouala, étudiante en audiovisuel à la Sorbonne nouvelle : « Je suis heureuse d’être ici pour montrer mon travail, certes, mais aussi et surtout pour voir ce que les autres font car on peut apprendre des autres »,
Eddy Kamuanga,: « Je suis vraiment heureux d’être ici. Ce que je vois autour de moi me donne des nouvelles idées pour mes futurs projets. Le fait que les gens passent et m’encouragent par leurs remarques et suggestions me revigore et me donne de nouvelles forces, car faire de l’art à Kinshasa ce n’est pas chose aisée. Mais on va y arriver, je le crois »,
Une première expérience que Bill Kouélany, responsable des Ateliers Sahm, estime fructueuse, car, dit-t-elle, « Dak’art est le plus grand rendez-vous des arts en Afrique. C’est donc une plateforme idéale pour un artiste en devenir. Elle permet de regarder les œuvres des autres et de se découvrir, voire de se mettre en situation de confrontation avec les autres, de juger de la pertinence de sa démarche, et en même temps de rencontrer des collectionneurs et des galeristes. »
Rappelons que les œuvres des artistes ont été présentées dans le cadre de l’exposition internationale d’artistes africains, qui compte 62 artistes venus du continent et de la diaspora et qui n’ont jamais participé à la biennale. Cette plateforme professionnelle dédiée à la visibilité de l’art contemporain africain a aussi permis aux jeunes artistes congolais de se frotter aux professionnels de ce secteur et d’échanger sur l’avenir de l’art africain autours de tables rondes.
Nb : ce sont là quelques notes que j’ai rédigé en rentrant de mon magnifique voyage à Dakar.
Annette Kouamba Matondo
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