Non la vie ne s’arrête pas avec le vih /sida »
Affectée au service de psychologie à l’hôpital général de Dolisie en février 2013, mademoiselle Makiza Sandra a réussi à redonné le sourire et par conséquent goût à la vie aux personnes atteintes du vih /sida, dites immuno- déprimées. « Non la vie ne s’arrête pas avec le vih /sida » scande la jeune femme d’une trentaine d’année qui grâce à son accompagnement exhorte les femmes à accepter leur état sérologique et aller de l’avant.
Vous êtes régulièrement visité par des patients atteintes du vih / sida. Comment pourriez vous expliquer cette fidélité ?
Makiza Sandra : C’est vrai, je reçois constamment des personnes vivant avec le vih/sida et notamment les femmes qui pour moi constitue la cible la plus fragiles dans la mesure ou elles ont l’impression qu’une fois déclarées séropositives, leur vie est finie et qu’il n’y a plus d’espoir. Or mon devoir est de leur redonner goût à la vie, leur expliquer que la honte, le défaitisme, la peur sont plutôt des freins à leur épanouissement personnel et de celles de leurs familles, à leur guérison entre parenthèse.
Comment procédiez vous pour arriver à ces résultats ? Et quelle est la fréquence des visites des patientes ?
Makiza Sandra : Quand les patientes arrivent à l’hôpital j’essaye d’établir une relation de confiance avec elles, et à installer un climat de sécurité entre nous. C’est vrai que ce n’est pas facile, car au début certaines ont du mal à se confier. Mais grâce au consulting (entretient basé sur des informations, conseils, assistances psychologique) qui se matérialise par des messages d’encouragements, des séances d’écoutes, des conseils sur leur nouvelle vie sexuelle, la prise régulière de leur traitement, l’interdiction de toucher à l’alcool… Un procédé qui marche car je reçois par semaine 7 à 10 personnes (hommes y compris) par semaine et les résultat sont satisfaisants puisque 90% de mes patients ont repris espoir grâce à cet accompagnement psychologique. Je pense aussi que le témoignages de mes anciens patients poussent des nouvelles personnes atteintes du vih/ sida a venir me consulter.
Est-ce qu’au niveau de l’hôpital général vous disposez d’une cellule d’écoute ou les personnes atteintes de Vih/ sida peuvent se rencontrer ?
Makiza Sandra : En général ces genres de rencontres se font souvent dans les sièges des associations car beaucoup ne sont pas encore d’avouer publiquement leur état et sont discrets. Mais en ce qui concerne je rends de temps en temps visite à des patients quand ceux-ci ne sont plus réguliers pour savoir ce qui se passe.
Est-ce que grâce à cet accompagnement psychologique on peut dire que les femmes atteintes du vih/sida commencent petit à petit à briser le silence par rapport à leur sérologie ?
Sandra Makiza : Non beaucoup ont encore peur d’être stigmatisées car le véritable problème est le manque d’information. Je pense au niveau de Dolisie il faut multiplier des séances d’information sur le mode de transmission de cette maladie. Il faut arrêter de penser que ça n’arrive qu’aux prostituées et aux drogués ou personnes de mauvaises mœurs.
Pensez vous que le silence des personnes atteintes du vih/sida pourrait expliquer la recrudescence de cette maladie ?
Sandra Makiza : Je ne pas l’affirmer mais il peut y contribuer car les gens ne sont pas suffisamment bien informés. Tenez par exemple j’au reçu récemment une jeune fille qui a avoué son état sérologique à se parents, mais ceux-ci ont mal pris la nouvelle, particulièrement sa grand-mère qui carrément demandé à la fille de plus revenir à la maison car cette dernière avait peur d’être contaminée. C’est difficile d’un coté il vrai d’avouer son état sérologique mais de l’autre il y a le regard des autres. Mon souhait est que les structures comme le CNLS, LE PNLS, prennent le relais et informe et sensibilise la population. A notre niveau on l’a fait en partenariat avec la radio Dolisie, mais le hic, ils nous demandent toujours de l’argent en échange et nous n’avons pas ces fonds là. En outre, nous avons eu programme de sensibilisation à l’hôpital mais les gens n’étaient pas vraiment intéressés. Ce qui les intéresse c’est l’apéritif et c’est vraiment dommage.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez?
Sandra Makiza : Je parlerai de l’entêtement des patients qui refusent d’accepter leur statut sérologique, mais aussi ceux qui refusent de se faire dépister malgré les signes cliniques probants. Ils reviennent quand la maladie s’aggrave et à ce niveau, le travail est plus difficile dans la personne arrive affaiblit, découragée, parfois emprunt à se laisser mourir, mais petit à petit on essaye de recoller les morceaux en leur répétant sans cesse « Non la vie ne s’arrête pas avec le vih /sida ». Une devise qui marche car après la détresse, la culpabilité, la honte, l’envie de vivre malgré tout reprend le dessus et ose voir l’avenir avec le sourire. D’autres, font le dépister sans problème après un consulting.
Quelle est la tranche d’age des personnes atteintes du vih/sida qui viennent vous consulter ? Et recevez des patients qui ont été atteints du vih/sida suite à un viol ?
Sandra Makiza : De 15 à 65 ans et de 15 à 25 ans c’est la tranche la plus vulnérable. Les personnes qui viennent sont en général discrets sur l’origine de leur maladie ; et respecte ce secret. Mais beaucoup sont surpris de leur séropositivité suite à un contrôle médicale de routine. Et à ce niveau, il essayer de redonner de l’espoir à ses personnes qui croient plus en rien. Un défi que j‘essaye de concrétiser au quotidien.
Vous avez réussi à établir une relation de confiance avec vos patients et par conséquent à les fidéliser. Comment y etes vous parvenu ?
Sandra Makiza : Je pense que c’est ma disponibilité, un exemple, il y a un patient qui passe régulièrement au bureau, à chaque fois qu’il a un problème, il m’expose ses doutes, ses soucis, sa peur pour l’avenir notamment en ce qui concerne le mariage .Il va se marier, certes il ne sera pas totalement guéri, mais l’essentiel est qu’il rencontre une femme qui l’aime et qui a même état sérologique que lui et pourront même avoir un enfant sain. Ce que je veux dire est qu’on peut vivre avec le vih/ Sida
Propos recueillis par Annette Kouamba Matondo
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