Les femmes congolaises en action.
Adieux tabliers et torchons, les femmes congolaises n’hésitent plus à se lancer dans les arcanes jadis réservés qu’aux hommes pour y faire carrière. Les femmes coopérateurs, maraîchères, paysannes ne sont pas en reste puisque grâce à leurs initiatives, individuelles ou collectives sont dorénavant capables de prendre soin d’elles et de leurs familles en contribuant valablement aux dépenses du foyer. Changement qui redéfinit le rôle de femme qui autrefois avait pour but unique de prendre soin de sa famille.
Depuis plus de cinq ans Ella Bitemo est dans la vente d’articles religieux. Cette femme de plus de 40 ans, mère de trois enfants participe aux dépenses quotidiennes de son foyer grâce à cette activité. « Lorsque j’ai ouvert ce commerce, j’avais en tête que cette initiative me permettrais d’arrondir les finns de mois et d’aider mon mari chauffeur de taxi. Nous avons certes nos moments de galère, mais avec nos deux revenus, on arrive à se nourrir, à scolariser et soigner nos enfants » a fait savoir Ella.
Une aubaine pour cette femme qui s’est battue bec et ongles pour garder ferme ses idées et tenir tête à son mari car explique t-elle « mon mari était contre cette idée, il disait que les femmes commerçantes se prostituaient. Avec, le temps il s’est vite rendu compte qu’il se faisait des fausses idées » dit Ella
A deux minutes de là, Kifouala Adrienne, plus connu sous le nom de « Ma nkundi », la quarantaine, marié et mère de quatre enfants joue un rôle capital dans son foyer. Le monde de la friperie et Adrienne est une longue historie d’amour teinté de déceptions, mais à aucun moment, elle n’a été tenté d’arrêter cette activité qu’elle considère comme sa planche salut, plus encore comme un lègue de sa mère. « Je peux par rapport à mes recettes contribuer financièrement aux dépenses de mon foyer. Mon mari étant fonctionnaire ne gagne pas assez. Si je ne faisais pas cette activité, on aurait des sérieux problèmes à joindre les deux bouts du mois notamment en ce qui concerne le transport des enfants, le loyer et je ne vous parle de la nutrition» révèle Adrienne qui exhorte la femme à se prendre en charge quelque soit le travail qu’elle exerce. « La femme doit apprendre à voler de ses propres ailes. Il est loin l’époque ou seul l’homme devait travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Si la femme ne fait rien de ses mains et de son intelligence, elle sera une éternelle mendiante » explique Adrienne avant de conclure « cessons de jouer à la politique de la main tendue»
En effet, contre vents et marées, les femmes ont décidées d’avancer malgré les discriminations dont elles font l’objet au quotidien dans l’exercice de leur métier, mais aussi du poids de la tradition et du comportement machiste de quelques hommes. « Ma rage, ma peine, ma haine n’est pas d’être une femme mais de me taire quand je dois m’exprimer » dit Julia la vingtaine révolue travaillant dans une structure privée de santé qui est obligé de tout le temps faire appel à son supérieur hiérarchique parce que les hommes qui sont sous ses ordres ne l’obéissent pas « ils disent qu’ils n’ont pas d’ordre à recevoir d’une femme » dit –elle.
Même si la situation s’est améliorée, beaucoup de femmes continuent à se battre pour avoir une reconnaissance au sein de leur famille, de leur travail et c’est le cas de Joelle Emmanuelle Akouele, (handicapée), journaliste de formation et présidente de la coopérative des femmes handicapées du Congo (CFHC), candidate malheureuse aux législatives dernières.
Joelle ne se voile pas les yeux, elle est consciente que la lutte et la persévérance restent des armes essentielles pour que la femme soit acceptée, reconnue et approuvé dans ce qu’elle entreprend « les pressions et les oppressions qui s’imposent à la femme par rapport aux comportements des hommes nécessitent un engagement ferme des femmes » reconnaît Jovelle qui sait de quoi sont capables les hommes une fois qu’ils sentent leurs intérêts menacés. « Ce n’était pas facile pour moi de m’imposer dans ma circonscription, nous étions 21 candidats et j’étais l’unique femme, mais j’ai réussi i obtenir la 5ème la place » comme l’a indiqué la jeune femme qui a du faire face aux railleries de la gente masculine lors des campagnes. Elle se réjouit en outre de la décision du président de la république qui lors du message à la nation il y a 2 ans a fait le vœu de voir plus de femmes nommées à des postes de direction.
Pour Madame Lousakou Madeleine, administrateur maire de Kibouédé qui a successivement occupé le poste d’attachée administrative et juridique au sein de son Parti le Mouvement Congolais pour la Démocratie et Développement Intégral (MCDDI) est radicale « l’adhésion à mon parti ne s’est pas faite par un coup de baguette magique, mon implication y est pour beaucoup ». Elle admet toutefois que les pesanteurs familiales et machistes ont la peau dure « Même si les hommes lâchent une partie de leur pouvoir, ils sont ne pas très enthousiastes en ce qui concerne la décision du président de la république qui encourage les partis politiques à nommer les femmes à des postes de direction.» a-t-elle fait savoir.
Un verdict qui bouscule les habitudes des hommes « Quand on vous affecte dans un département, la population minimise votre travail parce que vous êtes femme. Une fois à l’œuvre, elle comprend que l’homme ou la femme sont pareil » explique madame Lousakou qui invite les femmes à s’impliquer davantage dans ce qu’elles entreprennent. Et la tigresse, Juptie Mbani de son vrai nom l’a compris. Personnage incontournable du groupe Sos Salsa, elle a marqué les esprits et imposer ses marques en participant activement à l’épanouissement de son groupe « Quand on travail dans le milieu des hommes, il faut savoir se faire respecter, ne pas seulement servir de poupée de scène pour être ensuite reléguée au second plan une fois le coup de théâtre est passé. Mais avoir une tète bien faite pour se défendre en cas pépins ».
Candidate malheureuse aux législatives du 15 juillet dernier, Leaticia Armelle Azika Eros est malgré tout enthousiaste car dit-elle « On n’a pas une éducation de parité de sexe. Aujourd’hui, des petits changements s’opèrent, nous sommes un peu influencé par ce qui se passe en ce moment en France avec le gouvernement de François Hollande qui est un gouvernement paritaire. C’est un modèle qui s’installe petit à petit ici, et je ne peux que me réjouir».
Enfin, même s’il reste encore beaucoup de marche à gravir, le contexte est néanmoins propice pour que les femmes se mobilisent et fassent entendre leurs voix. « Les batailles ne peuvent aboutir que lorsqu’on est unis ! » a conseillé Armelle qui a réussit à mettre dans son camps son mari qui est devenu son premier partisan. Aussi ne résiste t-elle pas à lancer « Ne jamais mettre son engagement au placard !» une phrase qui la motive et lui booste quand tout va de travers.
Annette Kouamba Matondo
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