Basango-ya-Brazza.

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Législatives 2012

 


Peu d'appelées et peu d'élues…

 

(CRP/Syfia) Cette année encore, les candidates ont été peu nombreuses aux législatives. La faute aux partis, qui ne respectent pas, à ce niveau, la loi électorale, mais aussi aux femmes, qui hésitent à se lancer. Si peu d'entre elles ont été élues, celles qui ont mené campagne ne le regrettent pas.

 

Au Congo Brazzaville, la prochaine Assemblée nationale ne devrait pas trop se féminiser. Entre 2007 et 2012, dans l'hémicycle, les femmes n'étaient que 9  sur… 139 députés. Sauf énorme surprise, elles ne devraient pas être plus nombreuses à être élues après le 2ème tour du 5 août dernier. Et pour cause, elles étaient à peine plus à se présenter : 124 sur 1 213 candidats (10 %) en 2012 et 102 sur 1 097 candidats (9 %) en 2007. Au final, seulement 1 % gagner en 5 ans !

Pourtant, "la loi électorale (du 25 mai 2007, Ndlr) prévoit, au minimum, 15 % de candidates en son article 61", souligne Annick Patricia Mongo, avocate au Barreau de Brazzaville. D'un parti à l'autre, cette règle a été diversement respectée… 17 % de candidates (6 sur 35) au MCDDI ; 13 % (9 sur 69) à l’UPADS et 10 % (16 sur 152) au PCT. Pourtant, le 13 août 2010, le président Sassou Nguesso, dans un discours à la nation, avait insisté sur cette disposition et promis l’adoption d’une loi sur la parité qui fixerait des quottas plus contraignants. En attendant cette dernière et en l'absence de sanctions prises à leur encontre, chaque parti choisi de jouer le jeu ou pas...

 

Enseigner la parité

Pour Armelle Eros Azika, candidate, indépendante, les femmes sont aussi responsables de leur faible représentation à l'Assemblée : "Si elles n'ont pas participé massivement à cette élection, c'est également à cause de notre éducation. Leur place n’est pas toujours en équilibre avec celle des hommes." La quarantaine à peine, cadre dans une entreprise privée, elle est ravie d’avoir participé à ces législatives qu’elle qualifie "d’aventure humaine". Elle a obtenu 150 voix et est arrivée 4ème sur 20 candidats. Elle envisage même de se représenter aux prochains scrutins. "Au départ, mon mari avait des réticences, mais, il a fini par comprendre que j’étais capable de tenir mon foyer et de m’engager pleinement en politique", se réjouit Armelle, heureuse d’avoir rencontré plein de monde pour discuter de ses projets de lois sur le social et l'éducation.

L’éducation, un sujet qui tient aussi à cœur de Yolonde Dilou, une autre candidate indépendante, qui n'a, elle, recueilli que 9 voix. Elle attribue son échec à ses faibles moyens financiers pour bien mener campagne. Mais, elle reste positive. Femme d’affaires, son slogan tient en trois mots : "Plantez votre graine." Un dicton qu’elle utilise pour inciter les femmes à se positionner pour faire avancer leur cause, car, regrette-t-elle, "elles ne se forment pas et n’aiment pas se former."

Annick Mongo montre du doigte plusieurs autres barrières : poids de la tradition et de la famille, attaques lâches et peu honorables des collègues hommes... Pour faire évoluer les mentalités, Armelle estime qu'"un enseignement sur la parité est plus que souhaité". Elle observe déjà de petits changements : "Certaines mères ont compris que les tâches ménagères n’étaient pas réservées aux filles et que les garçons devaient aussi mettre la main à la pâte." Après avoir fait campagne, Armelle envisage plus que jamais l'avenir avec optimisme : "La société est en pleine mutation. Les gens ne venaient pas seulement pour les cadeaux (T-shirts, casquettes ou argent), ils me posaient des tas de questions sur mes projets de lois. Toutefois, il reste encore beaucoup de marches à gravir pour que les femmes fassent entendre leurs voix."

 

L'école d'abord

Joëlle Akouelé est de celles qui ne se découragent pas facilement. Coordonnatrice de la Coopérative des femmes handicapées et candidate malheureuse pour la seconde fois, elle a obtenu cette année 149 voix et est arrivée 6ème sur 20 candidats. Un résultat qui l’enchante, puisqu’en 2007, elle n’avait eu que 50 voix. "Nous avons encore du pain sur la planche. Il faut d’abord une véritable mobilisation des partis politiques, de la société civile et continuer à sensibiliser et former les femmes. C’est la représentativité féminine à l’Assemblée nationale qui peut faire bouger les choses", insiste Joëlle. Elle compte bien se présenter aux élections locales de 2013 et emprunte volontiers la devise de l'Union révolutionnaire des femmes du Congo (URFC) aujourd'hui disparue : "Seule la lutte libère !"

Annick en est persuadée, dans ce combat de longue haleine, "la parité ne peut être effective que s’il existe assez de femmes capables intellectuellement d’assumer des fonctions administratives et politiques." Coordinatrice de l’association "A l’école les filles pour l’égalité des chances de demain", l’avocate déclare que "c’est au prix de cet apprentissage qu’il y aura une génération où on parlera de parité."

 

Annette Kouamba Matondo

 

 

 

 

 

 

 



08/08/2012
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