Le pasteur et la prostituée
Un pur moment de fou rire
Entre rires et questionnements, Fortuné Batéza et Lisbeth Mabiala ont présenté au public « Le pasteur et la prostituée » en octobre dernier à l’Institut Français de Brazzaville. Dans une mise en scène de Nicolas Bissi, ce spectacle a été un moment de franche rigolade.
Pendant que les spectateurs s’installent et bavardent de gaieté cœur, le comédien Fortuné Batéza sort tacitement des rangs et monte sur la scène.
Il est vêtu d’un sombre costume et traîne paresseusement une valise derrière lui. Il s’arrête promptement au milieu de la scène, s’assied sur sa valise et récite un texte.
Ce paisible instant est vite interrompu par le passage d’une jeune fille élégamment habillée. S’installe alors une conversation entre les deux personnages et contre toute attente, ces derniers se retrouvent dans un hôtel.
Debout près de la table le pasteur parcours la bible distrait, et de l’autre coté des tréteaux, confortablement assise sur un lit, la jeune fille écoute passive son interlocuteur parlant de Jésus Christ. Elle l’interrompt de temps à autre pour attirer son attention. « Dites moi pasteur qu’est ce qui me prouve que Dieu existe ?». Mais ses appels restent sans réponse car le pasteur ne se soucie guère de sa détresse et se contente de la juger en la traitant de « femme du diable, femme pécheresse… »
Voilà campé la trame de cette histoire qui met en scène deux êtres totalement différents tant dans les mœurs que dans leurs approches spirituelles. Une différence qui n’a réellement pas d’importance pour dieu et emmène par conséquent le public à s’interroger. Qui des deux est juste devant la face de Dieu? Celui qui se camoufle derrière un costume austère et récite des versets bibliques ça et là pour se donner une contenance ? Ou celle qui se dévoile et vend son corps parce qu’elle n’a pas de choix.
Sur le registre du rire, ce spectacle est un ensemble de vécues, anodins et banals où la religion, trame centrale de pièce est traversée par d’autres thèmes comme la politique, l’immigration et le regard des autres.
Si le public a passé un franc moment de rire grâce aux jeux des acteurs, sa construction a laissé quelque fois le spectateur perplexe comme l’a fait savoir un spectateur qui a requis l’anonymat « J’ai eu par moment du mal à suivre. Entre les versets bibliques cités à chaque phrase, la nomination de certains prophètes que je ne citerai pas, il y avait un petit décalage dans la suite des idées »
De même les idées avancées ont manqué parfois de cohérence comme l’a souligné Prisca un peu déçue « Franchement ce qui m’a réellement gênée dans cette pièce, c’est la présence du troisième personnage qui est un plongeur et se retrouve dans la chambre du pasteur suite à une brûlure. Puis il intervient calmement dans la conversation et se met à raconter sa vie et les problème sociaux de son pays origine (coupure d’électricité, interminables plaintes de la famille, maladie). On est quand dans un hôtel et à Paris ».
Jules 18 ans, ne voit aucun inconvénient à cette mise en scène car pour ce dernier l’essentiel est que le comédien ait réussit a faire rire le public « C’est cela la magie du théâtre » souligne t-il visiblement heureux.
Une empreinte bien spécifique du comédien Fortuné Batéza puisque ces œuvres alliant cocasseries et réflexions s’inscrivent dans la tradition du théâtre populaire et le comédien ne s’en prive pas.
Et si dans le jeu des acteurs on reproche à Lisbeth son manque d‘agressivité dans le rôle de la prostituée, on blâmerai volontiers Fortuné parce qu’il en faisait parfois trop, ce qui a rendu sa prestation excessive à certain moment.
Bref, l’essentiel est que Fortuné ait réussi son pari, celui d’amuser et de faire oublier aux spectateurs leurs soucies quotidiens le temps d‘un spectacle
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