Basango-ya-Brazza.

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Le canapé de Masa


Confesion tragique d'une femme violentée

Richesse de l'intrigue, finesse de l'analyse psychologique tels sont les mots qui viennent à l'esprit quand on évoque l'éblouissante prestation de Stella Locko  le 08 décembre dernier au CFRAD lors de l’ouverture de Mantsina sur scène. « Le canapé de Masa » de l’auteur Jean-Luc Raharimanana, mise en scène et interprété par Stella met en lumière la tragique souffrance et les souvenirs hallucinés d’une  femme qui a  été violentée dans sa chair.

 

Le spectacle s’ouvre sur Stella majestueuse, confortablement assise comme une sylphide sur une espèce de caisse recouverte d’un linceul blanc. Le ton est à la fois, une longue plainte, empreint de colère, édulcoré de condamnation ou flotte par moment des soupçons de remords et de ressentiment par rapport à un passé tumultueux et plein de cruauté.

Cette belle femme apparemment sereine est hantée par son histoire et  Stella Loko s’en empare. Elle propulse non seulement le public dans le monde de cette femme profondément meurtrie par les violences subies par son corps mais met aussi en lumière toutes les violences dont les femmes sont victimes lors des affrontements génocidaires.

Terrée autour de son canapé, qui lui sert à tour de rôle de refuge, de lit de viol et de l’accouchement d’un enfant mort-né et du cercueil sur lequel elle a été torturée, la survivante pleure son enfant mort. Un remords qu’elle trimballe depuis des années et qui la range

Aussi, peut-on entendre des mots comme : pluie de sang, mouches,  enfants qui courent à travers un champs de cadavres, brodequin… Ce patchwork verbal qui a nourrit le spectacle donne la chaire de poule et l’on se demande comment cette jeune fille a pu supporter toutes ces atrocités.

A ces mots, s’ajoutent le tic tac de la montre suivis des ressacs de la mer auxquels s’enchaînent le bruit des gouttelettes de pluie qui renforcent  plus que jamais l’idée de solitude ressentit par cette femme dévorée par un une flopée de secrets douloureux.

Stella nous entraîne donc tout doucement dans l’intimité de cette femme pour savoir, plus que pour comprendre. Et à cette rencontre,  se dessinent des amertumes  des rires mêlés à la tristesse, mais pour autant, on est loin de s’imaginer ce que cette jeune femme a enduré. Et malgré soi, on assiste à sa chute relatée par une succession des faits plus ou moins vécus, qui comme des éclats de roquette s’amoncellent dans nos cerveaux avant de la voir  succomber dans une démence.

Au fur et mesure que le spectacle se déroule, Stella aux allures d’une altesse royale se transforme en une délurée. Elle enlève son pagne, et son bustier, elle entre dans une sorte de folie, elle cri et se débat . A ce moment, on comprend qu’elle n’a plus  toute sa tête (car envahit par un passé cruel), et la stature majestueuse au début du spectacle n’était qu’une carapace pour cacher ses souffrances.

Enfin, en dépit de la  rudesse du sujet, ce spectacle a reçu un accueil enthousiasme et cela grâce à la magistrale prestation de Stella qui s’est investit corps et âme dans cette histoire, ou on perçoit l’anxiété et la détresse de la jeune femme qui a du mal à se débarrasser de ses fantômes.

Annette Kouamba Matondo



16/12/2011
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