Informées, des femmes se positionnent dans leurs partis politiques
(CRP/Syfia) A Brazzaville, le débat sur la parité a refait surface à la suite de l'annonce du Président de la République de favoriser l’accession des femmes à des postes de direction au sein des partis politiques. Un espoir pour de dynamiques militantes, encouragées à davantage s'impliquer par diverses associations.
Adieu tabliers et torchons ! Les Congolaises n’hésitent plus à se lancer dans les arcanes de la politique, terrain jadis réservé aux hommes. Un changement qui vient de loin, se souvient Lilian Barros, membre de l'OSC Comptoir juridique junior : "Une grande partie d'entre elles ignoraient leurs droits. Cela nous a poussé à élargir notre formation aux partis politiques, car les militantes avaient peur de se positionner à des postes de décision." Sur les dix para-juristes ainsi formées entre 2009 et 2010, trois ont accédé depuis à des postes de direction comme le précise Lilian : "Certaines en ont incité d'autres à devenir des actrices à part entière au niveau de leurs partis."
Pour Madeleine Lousakou, administrateur maire de Kibouédé, "cette formation m’aide à régler un certain nombre de conflits dans ma localité, mais cela n’a rien à voir avec ma nomination", fait-elle remarquer. Elle qui a déjà été attachée administrative et juridique ajoute, observatrice : "Même si les hommes lâchent une partie de leur pouvoir, ils ne sont pas très enthousiastes en ce qui concerne la décision du Président de la République qui encourage les partis à nommer les femmes à des postes de direction."
Le 13 août 2010, dans son adresse à la nation, ce dernier a en effet promis l’adoption d’une loi sur la parité qui fixerait des quottas plus contraignants : 50 % de femmes aux fonctions politiques, électives et administratives. En attendant, la loi électorale prescrit déjà à chaque parti politique de présenter au moins 15 % de candidates aux législatives et 20 % aux locales. En outre, conformément aux instruments internationaux sur les droits humains, la République du Congo prône l’égalité de genre. Et l’article 8 de sa Constitution stipule que "tous les citoyens sont égaux devant la loi (…) la femme a les mêmes droits que l’homme."
"S'épanouir pleinement en politique"
Toutes ces recommandations restent cependant difficiles à appliquer, comme en témoigne un agent de la Commission nationale d'organisation des élections (Conel) : "Des sanctions vont être prises contre les partis qui ne prendront pas en compte cette disposition du président. Mais, pour l’instant, elles ne sont pas définies." Plusieurs hommes freinent encore le mouvement d'émancipation… "Si on positionne une femme et qu’elle refuse, on n'y peut rien ! Mais, avec l’ordonnance du président de la République , on essaye tant bien que mal de leur donner une plus grande audience", se défend un sénateur proche de la mouvance présidentielle qui a requis l’anonymat. Ghislaine Oba Apounou, conseillère juridique du ministère de la Promotion de la femme appelle les hommes à accélérer le mouvement : "Ils doivent comprendre que les femmes sont aussi appelées à être nommées dans les instances de prise de décisions. Cela n'est possible qu'avec leur apport, car ils sont majoritaires dans les partis."
Certaines, encouragées par des OSC spécialisées, font déjà leur maximum. Moussounda Raissa, assistante programme à l’Organisation pour le développement et les droits humains au Congo (ODDHC) les invite à s’impliquer encore plus fortement pour "dépasser les résultats obtenus aux élections locales de 2008 (24 % de candidates environ, selon le ministère de l’Intérieur, Ndlr)".
Une résolution que Joëlle Emmanuelle Akouele, la trentaine, journaliste et présidente de la Coopérative des femmes handicapées du Congo (CFHC) approuve. Candidate indépendante malheureuse aux législatives de 2007, elle compte à nouveau se présenter lors des prochains scrutins. Sa Coopérative organise par ailleurs des ateliers pour convaincre en particulier "les handicapées scolarisées de s’intéresser à la politique pour s’imprégner de leurs droits" : "La femme est capable de briser ces barrières liées aux comportements machos et de s’épanouir pleinement en politique. Cela est aussi valable pour la femme invalide !"
Aux militantes de montrer ce qu'elles savent faire. Un avis que partage madame Lousakou : "Il se pose un problème de représentativité, mais aussi de compétences. J'aime travailler avec gens qui ont quelque chose dans la tête, hommes ou femmes confondus."
Annette Kouamba Matondo
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