Basango-ya-Brazza.

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Inceste dans les familles phénomène de mode ou phénomène culturel

Ces cinq dernières années, on observe de plus en plus de cas d’inceste dans les ménages congolais. Phénomène de mode ou perte de valeur morale, aujourd’hui les femmes, n’hésitent plus à dénoncer ouvertement leurs agresseurs, à porter plainte pour briser ce tabou.

 

 « Récemment un père a violé sa fille de 4 ans au quartier château au sud de Brazzaville. Il  a été interpellé par la police puis relâché à la suite d’un arrangement entre la famille de sa femme et lui » Explique Carole Milandou la quarantaine,  rangée par la peur pour ses filles de 12  et 7 ans qui vivent chez leur oncle paternel depuis le décès de son mari il y a deux ans.

 

Même angoisse pour Julienne, la trentaine institutrice dans une garderie au quartier Mpissa, célibataire vivant seule avec sa fille de 2 ans « il y a un mois le mari de ma sœur a violé sa fille de 12 ans, mais avant cela il violait régulièrement son jeune frère de 9 ans qui avait alors quitté la maison de ma sœur sans véritables raisons. Nous avons découvert la vérité quand sa sœur est venue accuser son beau. Si la sœur ne s’était pas confié à moi on aurait jamais su qu’il violait aussi le petit » a confié cette institutrice dégoutée.

 

Saisie de l’affaire Julienne n’a pas hésité un seul instant à aller porter plainte au poste de police de Masisia où l’auteur a été convoqué puis transféré  à la maison d’arrêt de Brazzaville en attendant d’être jugé a expliqué Julienne qui avoue « qu’il m’a fallu une bonne dose de courage pour aller à la police car il s’agit tout de même du mari de ma sœur ».

 

« Des cas comme ceux de Julienne, il y en a beaucoup» a reconnu un agent de la gendarmerie nationale qui a requis l’anonymat. Il déplore toutefois l’altitude des familles qui une fois avoir porté plainte reviennent sur leur décision pour des raisons pécuniaires ou familiales.  

Monsieur Samba est malgré tout plein d’espoir «« Même si ces voix sont encore infimes, elles méritent d’être entendues afin d’encourager les victimes qui hésitent encore à dénoncer leurs agresseurs»  car dit –il « tant que le coupable reste impunis, il peut récidiver et cela peut inciter d’autres à en faire autant».

 

 « Papa m’a mis le doigt en bas » dit avec des simples mots une fille de 3 ans qui accompagne son récit en réalisant le geste. Elle est admise au centre de psychologie à l’hôpital de Makélékélé.

«  Lors de la rencontre avec son père, la fille a répété la même chose. Mais c’est au fil des entretiens que le père a fini par avouer qu’il avait effectivement fait des attouchements à sa fille, tout en mentionnant que ce n’était pas intentionnel » a informé monsieur Samba (Psychologue à l’unité de lutte contre les violences sexuelles de l’hôpital de Makélékéléle) qui après avoir soigné l’enfant à encourager la mère à porter plainte. « Chose qui a été faite mais étant donné que son conjoint est un homme bien connu de la place, la plainte a été retirée. Et je ne vous cache pas que nous avons reçu des menaces, et la gendarmerie s’y est même mêlée » a témoigné le psychologue.

 

Il  claire que de plus en plus de mères de familles révoltées brisent le silence en allant  porter plainte chez le chef  de quartier ou directement au poste de police.  Un acte de bravoure quand on sait tous les conséquences que cela peut entrainer dans les foyers : séparations des familles, divorces, éloignement des enfants.

 

Par ailleurs,  si les statiques dans les postes de police, gendarmeries et à la justice sont peu éloquents reste que comme l’a indiqué  Blanche Zissi avocate et membre active de l’association Azur Développement  « Les femmes ont compris qu’elles ne devaient plus se taire, qu’elles devaient agir en mettant à nu leurs agresseurs» a fait savoir la jeune avocate, mère de deux filles, fervente militante des droits de la femme.

 

Une idée que soutient monsieur Samba, qui souligne  « Sur 260 cas de viols domestiques enregistrés à hôpital centrale de Makéléklé en 2012, 40 étaient des cas d’inceste sur les mineurs. Si ce phénomène touche plus les familles recomposées les familles dites normales  ne sont pas épargnées » a fait savoir le psychologue

 

 « Sur 10 cas de violences sexuelles 4 à  5 sont de nature inceste. En outre on enregistre 50%  de cas d’inceste et 50% de violes de cas de voisinage, rares sont les violences d’approche conjugale » nous a révélé un policier au poste de police de Kinsoudi, au sud de Brazzaville.

 

 De plus «Les sessions criminelles se font tous les deux ans et au delà de six mois si l’auteur n’est pas jugé, il peut être libéré. Même chose du coté de la gendarmerie et des postes de police, ou les agents ne peuvent garder l’auteur que 72 heure, au delà de ce délais, le présumé coupable peut être relâché » a indiqué Blanche Zissi lors d’une allocation sur la violence faite aux femmes.

 

 Autant d’obstacles (constitution du certificat médical, incompétences des agents de l’ordre, improbabilité d’aboutir au jugement) freinent l’engouement de ces femmes. Aussi pour encourager ces femmes monsieur Samba suggère « qu’à chaque consultation médicale qu’on fasse venir une prescription juridique qui prendrait en charge la victime » car dit-il «. Il faut tout de même qu’il ait une sanction  pour que la victime ne se sente pas lésée. »

 

Des sanctions que les victimes ignorent mais qui existent dans le code pénal congolais section IV sur l’attentat aux mœurs en son article 331 qui stipule « Tout attentat à la pudeur, consommé ou tenté sans violence sur la personne d’un enfant de l’un ou de l’autre sexe, âgé de moins de 13 ans sera puni de réclusion. Sera aussi puni de la même peine l’attentat à la pudeur commis par tout ascendant sur la personne d’un mineur même âgé de plus de 13 ans mais non émancipé par le mariage. il sera puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende allant de 4000 à 1.000.000fcfa »  a fait noter  Lilian Baros, du comptoir juridique junior.

 

Annette Kouamba Matondo

 

 



21/02/2013
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