Implication des femmes locales dans la gestion des forêts dans le district de Hinda et le village de Makola
Rompre les inégalités sociales en accédant vers les populations locales et autochtones du district de Hinda et du village Makola tel a été durant six mois le leitmotiv d’Yvette Saya de l'association ACSPC. Une initiative qui a été bien accueillis et dont les retombées selon madame Saya, ne sont certes pas encore satisfaisantes mais encourageantes.
" Cette formation a été une bonne chose pour notre communauté, car si la coupe illégale continue encore, elle ne se fait plus comme avant. Je pense que les gens ont quant même pris conscience."Lance Nombo Philomène affectueusement appelée ma Philo, ancienne chef de quartier de Makola 2.
" Quand on a commencé les sensibilisations, on avait un peu de peine à assimiler les notions de de l'APV/FLEGT. Mais avec le temps, j'ai compris que tout défrichement devait être accompagné d'un reboisement et que toute coupe illicite de certains arbres pouvaient entraîner la disparition de certaines essences thérapeutiques" poursuit ma Philo qui regarde de temps à autre sa voisine, Henriette Makanga, souriante et prête à rebondir aux propos de sa collegue " il y a quelques années, on pouvait cueillir des noisettes pour manger pendant qu'on travaillait au champs aujourd’hui, ce fruit a quasiment disparu" raconte Henriette dans un temps de regret.
Bénéficiaire du projet et regroupé au sein d'un collectif, Henriette est bien consciente que le maraîchage qu'elle pratique à ce jour ne suffira pas pour la faire vivre elle et sa petite famille. Pourtant, elle reste déterminée à mettre en pratique ce qu'elle a appris car dit-elle " je fais désormais attention à ne pas saccager mon environnement"
Mais comme l'a avoué Ngoma Firmin de Makola (quartier 2) "les habitudes ont la peau dures, il faut plusieurs sensibilisations pour que les gens comprennent que la forêt qui nous environne est une richesse et donc nous devons en faire bon usage."
Une assertion qu'un habitant (Makola 2 qui a requis l'anonymat), ne partage pas totalement car fait-il savoir " pour que les paysans ne retournent plus vers la coupe illégale du bois, il faut que nous ayons sur place l'électricité, des hôpitaux et des entreprises pour embaucher les jeunes. Sinon comment voulez vous qu'on prenne soin de nos familles "
Jean Pierre Niamba (Hinda), bénéficiaire du projet a quant à lui tenu à dénoncer le comportement de certains participants qui se sont libéralement détachés du groupe. Il déclare "sur onze participants que nous étions au départ, on est resté plus que six, les autres sont partis parce qu'ils croyaient qu'ils seraient embauchés ou rémunérés à la fin de la formation"
Heureusement que la désertion de certains n'a pas freiné l'engouement des autres participants qui par la voix de Jean Pierre Niamba (Hinda) ont sollicite un don de poussins et de porcs pour démarrer leur activité . Idem pour Ngoma Firmin et son équipe qui réclament un don de 250 poussins pour démarrer l'élevage dans la mesure où, ils disposent d'un local aménagé pour cette activité.
Capable aujourd'hui de défendre les droits de leurs communautés , Jean Pierre Niamba déclare « ce n'est pas aux autorités de ce pays de prendre des décisions à notre place car ils ne voient que leurs intérêts et pas les nôtres. Mais pour que ces propos deviennent une réalité, ma Philo et Henriette Makanga pensent « Nous avons aussi notre part de responsabilité, c’est bien d’exiger des autres mais nous devons aussi arrêter avec la coupe sauvage du bois dans notre village ».
Mais au delà de quelques écarts de comportements, le chef de quartier de Makola 2, a observé un net changement de comportement de sa population vis à vis de la forêt. Mais il tient à rappeler que le challenge ne sera pas facile vue que « nous n’aurons pas d’emplois sur place et pour cette raison, ça va être difficile d’empêcher les gens de repartir faire du charbon par exemple»"
Une initiative qui ne s'est pas faite sans heurts comme en témoigne madame Yvette Saya " La distance des sites et le temps impartis pour les sessions de sensibilisations étaient trop court à mon avis. " De plus, "ce sont des populations qui sont habituées à vivre de la cueillette et de chasse et donc demander à cette population d'arrêter d'utiliser la forêt sans mesure d'accompagnement n'a pas été sans conséquence. Mais peu à peu avec la formation on y est parvenu" explique madame Yvette Saya.
Conscients désormais des conséquences désastreuses qu'entraîne l'exploitation illégale de la forêt, une trentaine de femmes se sont réunis en collectif et ont décidé de faire le maraîchage. Une façon pour Philomène, Henriette et les autres d'encourager le reste de la population à les suivre
Annette Kouamba Matondo
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