Basango-ya-Brazza.

Basango-ya-Brazza.

Hippolyte Diayoka

 

« Je ne vise pas l’excellence, mais je recherche la perfection et ma marque de vêtement répond à ce critère »

 

A quelques pas de l’arrêt de bus école, sur l’avenue Loutassi, une maison peinte en bleue au dessus de laquelle une enseigne indique un nom: Hippolyte Diayoka, une référence dans le milieu de la mode à Brazzaville. A l’entrée une jeune dame vous accueille chaleureusement, pas de fioriture à outrance, tout est sobre, juste un vase à fleurs et un mannequin splendidement moulé dans sa robe, laisse soupçonner qu’on est bel et bien dans les arcanes de la mode. Nous somme Chez Hippolyte, un des plus grands noms de la mode au Congo. Rencontre avec homme sympathique qui entre éclats de rires et embauche de croquis nous parle de sa passion.

 

Comment se passe une journée de travail chez Hippolyte ?

Hippolyte Diayoka : Ma journée est assez fluide, elle se fait en fonction de mes clients,  en fait, je reçois toute la journée. Je ne compte pas mes rendez- vous, ils sont variables. De plus,  je n’aime pas que mes clients se rencontrent chez moi.  Ce qui fait que mes entretiens sont assez personnels et se font par rendez vous. Je commence le véritable travail la nuit: je dessine, coupe, drape…

 

Combien de temps met en moyenne Hippolyte pour terminer une commande ?

Hippolyte Diayoka : Cela dépend, de la commande,  je travaille le nombre d’heures qu’il faut jusqu'à ce que j’épuise toutes les possibilités pour donner le meilleur de moi moi-même. Mon travail se termine une fois que le client  est en possession de sa commande.

 

Vous viser l’excellence ? Et comment peut on définir votre marque de vêtement ?

Hippolyte Diayoka : Je ne vise pas l’excellence, mais je recherche la perfection et ma marque de vêtement répond à ce critère. La marque Hipppolyte Diayoka, c’est la  classe, le  chic,  et le raffinement.

 

Quelle est votre clientèle ?

Hippolyte Diayoka : Les hommes et les femmes, mais les femmes consomment plus que les hommes. Elles occupent 90% de ma production ;

 

Pourquoi les prix chez Hippolyte sont excessivement élevés par rapport à la bourse moyenne des congolais ?

Hippolyte Diayoka : Ma formation  a coûté  25 millions de FCFA, vous ne voulez tout de même pas que je fasse les mêmes prix que tous les petits couturiers du coin.  J’ai bâtit cette maison de couture pour faire des bénéfices et non pour m’appauvrir.. On dit que les congolais n’ont pas d’argent, mais aller voir comment la première classe de air France est bourrée, ce ne sont  non plus des vietnamiens qui roulent dans les VX et ce n’est pas ma grand-mère qui fait pousser des maisons comme des champignons dans la ville.  Non arrêté, Hippolyte n’est pas la pour habiller madame et monsieur tout le monde. J’ai payé de ma vie pour  que cette maison devienne ce qu’elle est et donc je n’oblige personne à venir. Vous savez en général  ceux qui se plaignent  ce ne sont ceux qui ne peuvent pas payer, mais ce sont ceux qui ne veulent pas payer. Celui qui ne peut payer n’a pas besoin de venir chez moi, il ne remarque même que j’existe.

 

Et les défilés de mode ?

Hippolyte Diayoka : J’en fais toujours, mais je suis entrain de projeter autre chose. Un défilé de mode est un moment de communication. Je suis totalement contre qu’on prenne le défilé pour une distraction. C’est un moment où la maison montre à ceux qui consomment une nouvelle collection.

 

Le chiffre d’affaire chez Hippolyte ?

Hippolyte Diayoka :(Eclats de rires) ça ne se révèle pas, tout ce que je peux vous dire est que ça marche bien, je n’ai pas à me plaindre. En fait je ne suis pas comptable, si je devais regarder ce que je dépense, je ne serai pas à ce stade aujourd’hui. J’ai dépensé beaucoup d’argent pour  construire cette maison, pour l’achat du matériel. Et puis pour faire ce boulot, il ne faut pas être fixé sur les bénéfices car il y a des jours ou je trime sur un habit. Dans mon travail on ne perçoit pas tout de suite l’investissement, c’est  avec le recul, qu’on se rend compte. Mon vêtement n’est pas seulement artistique mais il est  aussi cartésien. C’est le fruit d’une réflexion parce que j’y associe la créativité et l’intelligence. Je suis ici pour gagner ma vie pas pour faire le beau. Et ça les gens ont du mal à le comprendre.

 

Qu’on est-il de la reconnaissance internationale ?

Hippolyte Diayoka : Je ne me vois pas entrain de ramasser des titres ou des reconnaissances à travers le monde. Vous savez comme moi les prix, on les donne à ses amis, pas à ceux qui ont travaillé. Mes prix à, moi, sont dans les maisons de mes clientes, leurs vêtements portent mes empreintes. Mes prix sont aussi lorsque j’arrive à créer une pièce formidable. Je ne cherche pas avoir des récompenses,  et d’ailleurs, j’en ai pas besoin. Je suis à Brazzaville, si déjà les prix d’ici ne m’intéresse pas, alors je ne vois pas à quoi cela me servirai d’avoir un prix international. Bref, mon prix, est de voir ma maison de couture  avoir de plus en plus de renommée. En outre, la vraie réussite d’un  homme se mesure à quelques heures de la mort lorsque tu fais le point de ta vie. Moi, je me bats à avancer et c’est tout,  je fais ce que je peux, je me tue à faire ce que je dois faire. Et donc la reconnaissance, je ne l’attend pas spécialement. Ce sont clients  qui doivent me dire si j’ai un prix ou non.

 

Tes sources d’inspirations ?

Hippolyte Diayoka : Dans mon travail, il y a une partie artistique, intellectuelle et une partie artisanale ou  le styliste devrait être capable de produire  ce qu’il dessine. On ne dessine pas seulement pour faire un dessin, on dessine parce que c’est l’expression de ce que l’artiste pense.  C’est pour vous dire  je n’ai pas de source d’inspiration mais en tant que créateur, je crée  pour donner une réponse précise à une interrogation. 

 

Et que pensez vous de biennale

Hippolyte Diayoka :(silence) c’est n’importe quoi. Qu’est ce que vous voulez que je vous dise, vraiment ces genres de manifestations c’est sans moi. Si vous voulez qu’on vous respecte dans ce pays, il faut vous démarquer, sinon on vous marche dessus. Pour moi ça passe ou ça casse.

 

 

Vous avez certainement un message à faire passer ?

Hippolyte Diayoka : À un moment, il faut que l’africain fasse une vraie révolution, on n’est pas là pour être forcement des pauvres, je suis désolé. Mois je suis styliste, je fais un travail noble qui s’adresse à une clientèle bien donnée, je ne suis pas ici pour couvrir des gens. Un vêtement est une réflexion,.Il y a 9,9%  de mes créations qui sont des vêtements uniques, je ne fais pas de la sous couture. Pour faire une robe, vous pensez qu’il suffit de savoir couper, il  faut avoir non seulement le talent, l’intelligence et le matériel pour qu’il y ait un résultat plausible. Ce qui fait que je facture par mes creations rapport aux heures de travail, à la réflexion, bref à toutes ces choses.

 

 

Propos recueillis par Annette Koumba Matondo

 

 



25/06/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 24 autres membres