Basango-ya-Brazza.

« L'art est aussi un "business" (…), c’est un vecteur d'économie et de croissance d’un pays »

Du 7 au 14 juin 2014, les danseurs venus du monde entier (Allemagne, Afrique du sud, Sénégal, Burkina Faso, Niger, Cameroun, RDC, Corée du Sud, France), vont une fois de plus prendre en otage les rues de Brazzaville en effectuant des performances dans des lieux non conventionnels : marchés, rond points, arrêts…Un festival  qui a pour mission de  sensibiliser le public à l'art chorégraphique contemporain sous tous ses aspects. Nous avons rencontré Florent Mahoukou, directeur artistique qui nous en parle de cette cinquième édition.

Une nouvelle édition et bien évidement des nouvelles surprises?

Florent Mahoukou : Cette année, je change un peu de cap en proposant d'autres formes plus complexes, tout en restant accessible à la perception que le public à de son territoire. Les performances et installations seront plus construites que dans les improvisations des années précédentes.  Mais la grande surprise est une performance intitulé "La Mort de la Jeunesse Congolaise" comme c'est une surprise  je garde son effet surprise alors !

Quel est le thème de cette cinquième édition quand on sait que les trois premières éditions s’articulaient autour de la lutte pour l’amélioration de l’environnement particulièrement agressé au Congo par l’abus des sacs plastiques. Avez  vous  atteint votre mission?

Florent Mahoukou : On peut dire que l'on a fait un grand pas car les autorités congolaises en 2011 ont pris la décision d'interdire l’entrée des sacs plastiques sur le territoire congolais, bien que la contre bande existe encore. Après le plus important reste à faire, le grand travail est de rendre la population responsable face au danger qui guette notre avenir. Cette année on a pensé mettre en valeur le travail des femmes car on en voit peu parmi elles qui prennent l'initiative de se mettre en avant. Donc je souhaite encourager les femmes qui portent des projets et qui ont un parcours impressionnant, afin de donner l'exemple aux femmes congolaises, surtout qu'au Congo les femmes ont cette liberté de pouvoir s'imposer facilement face aux hommes, si elles prennent des initiatives elles ne sont pas empêchées. Ce n'est pas comme dans d'autre pays dans le monde. 

Est ce l’édition de la maturité? Et pourquoi la scission avec Bibene, un danseur qui a été à vos côtés au début de ce projet?

Florent Mahoukou : Je dirais plutôt que Rue Dance a évolué dans son temps, car cela fait aujourd'hui sept années que nous investissons les rues et places publics au Congo. Au fur et à mesure le projet prend de l'ampleur, s’impose et se complexifie. Nous avons appris de nos expériences précédentes. Ce qui revient à dire que l'événement Rue Dance : les organisateurs, les artistes que nous sommes et notre grand public évoluons ensemble au fur et à mesures des expériences. Quant à Bibene, il  est maintenant résident aux USA, ce n’est pas évident de travailler ensemble à distance, aussi nos visions des choses et nos intérêts ont divergé. Je continue à organiser des projets au Congo, Bibene développe ses projets aux USA, où il met en valeur la culture congolaise notamment avec l'événement de Mbongui Square Arts Event.

Qu’attendez-vous de cette édition ?

Florent Mahoukou : J’ai surtout envie de déplacer les consciences de la jeunesse, que les gens et les autorités réalisent qu'au-delà de son aspect purement humain, qui rassemble, esthétique,... l'art est aussi un "business", même si je n'aime pas le dire comme ça, mais l'art est vecteur d'économie et de croissance, c'est aussi profitable au commerce, c’est un secteur qu’il faut donc investir.  C’est pour cela que je remercie la Fondation Prince Claus ; Dance Dialogue Africa, SIDance  et  Institut français du Congo, qui nous accompagnent dans cette aventure.

Propos recueillis par Annette Kouamba Matondo