Femmes maraîchères modèles
(CRP/Syfia) A Brazzaville, l'association "Femme Model" octroie depuis mars dernier des aides à des femmes de groupements de la ceinture maraîchère de Talangaï. Ces dernières maximisent leur production et organisent mieux la chaîne de distribution.
"Je me suis lancée dans cette activité très jeune. A l’époque, je venais aider ma grand-mère, puis ma mère après les cours", se souvient Joséphine Milounguidi, 52 ans. Maraîchère à plein temps depuis une vingtaine d’années, elle explique que grâce à cette activité elle est financièrement indépendante et prend soin de ses quatre enfants et de ses deux petits-fils.
Francesca Matouzolo, 58 ans, divorcée depuis peu, s’est elle aussi lancée corps et âme dans le maraîchage, devenu, au fil des ans, sa planche de salut. "Cette activité donne un sens à ma vie ! Elle me permet d’en vivre", fait savoir cette dernière qui a au total 22 sillons. Elle y cultive ciboules, poireaux, oseille de Guinée, poivrons, carottes, etc.
Pour améliorer leurs compétences et leur rendement, plusieurs femmes, membres de groupements de la ceinture maraîchère de Talangaï, reçoivent de l’association "Femme Model" des formations pratiques sur les techniques, du matériel aratoire, des engrains naturels et un petit financement. Un complément à la formation qu’elles ont du Centre d’appui technique de Talangaï, supervisé par le secteur agricole de l’arrondissement 6 de Brazzaville.
"Ravitailler hôtels et supermarchés"
Pour Mili Moukenga, coordonatrice de "Femme Model", le maraîchage est un secteur économique vital : "Nous proposons à ces femmes de ravitailler hôtels et supermarchés grâce à leur production." Solange Biantadila espère ainsi trouver une solution à la sempiternelle question de la distribution de ses récoltes : "Nous allons saisir cette grande opportunité ! Dorénavant, nous allons livrer nos marchandises dans les structures alimentaires de la place. Cela veut dire plus de professionnalisme et en retour une meilleure rentabilité financière."
Cependant, être maraîchère n'est pas de tout repos... Solange, 44 ans, dans cette activité depuis treize ans et possédant 25 sillons, témoigne à nouveau : "Nous travaillons avec des outils rudimentaires et le rendement n’est pas souvent celui que nous attendons... De plus, nous sommes tout le temps victimes de vandalisme."
Le Centre d'appui technique de Talangaï où les femmes suivent des formations, crée en 1946 par l’administration coloniale, s’étalait jadis sur 100 hectares. Il n'en compte plus aujourd'hui que 23... à la suite de nombreux litiges entre riverains et maraichers, reconnait Jean Aimé Sangola Milandou. Président du groupement Mabélé Monkozi, (un des groupements de la ceinture maraîchère de Talangaï) et collaborateur au centre d’appui technique, Jean Aimé affirme : "Les propriétaires fonciers réhabilités en 1991 après avoir été dépossédés de leurs terres par l’Etat en 1969, construisent ou vendent. Les nouveaux acquéreurs, une fois en possession des papiers, viennent sans ménagement saccager nos cultures."
Malgré ces difficultés, Solange Biantadila est convaincue de pouvoir réussir : "Grâce au maraîchage, j’ai pu m’offrir une parcelle actuellement en pleine construction."
Annette Kouamba Matondo
Juin 2014
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