Basango-ya-Brazza.

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Femmes et autorités débattent enfin

(CRP/Syfia) Aucune assistance technique ou financière, récépissés durs à obtenir… A 630 kilomètres au nord de Brazzaville, des  femmes des groupements d’Ewo (Cuvette-Ouest), disent être abandonnées par leurs autorités locales. Un débat communautaire a dernièrement permis de renouer le dialogue.

 

"Relations entre OSC de femmes et autorités locales". Tel était le thème du débat communautaire organisé le 9 juillet dernier dans la salle de conférence du Centre des Femmes et des Filles d’Ewo, dite Maison de la Femme.

Débat animé en lingala par les journalistes Alain Michel Otieli et Hortense Nathalie Ngatsongo, sous la supervision de Gaston Elbi Enkari et Marien Nzikou Massala, coordonnateur et coordonnateur adjoint du projet "Journalistes, associations et autorités locales contribuent à un meilleur respect des droits des femmes rurales pour lutter contre la pauvreté". Un projet piloté le Centre de Ressources pour la Presse (CRP) en partenariat avec Syfia international et avec l’appui financier de l’Union Européenne.

Une vingtaine de femmes, venues d’Ewo et des villages environnants, membres de groupements et d’associations, ont participé à ce débat. En face d’elles se trouvaient la directrice départementale de la Promotion de la femme et le directeur départemental de l’Intégration de la femme au développement, deux agents du secteur agricole de la Cuvette-ouest, ainsi que trois chefs de quartiers et un représentant de l’administrateur maire d’Ewo. Sans langue de bois, les femmes ont dénoncé le manque d’intérêt  des autorités locales à leur égard.

Avant ce débat, dans la Cuvette-Ouest, les relations entre ces deux camps étaient en effet quasi inexistantes. "Il est difficile pour nous d’aller visiter leurs champs les poches vides", a tenté de justifier Emile Kekonda, chef du quartier Bouta. "Nous sommes abandonnées à nous-même"a répondu Angélique Kebi du groupement "We me yi" ("Tu es venu de ton propre gré", en langue téké). Des propos confirmés par Françoise Louboyo du groupement "La main dans la main" : "Nous faisons un grand travail, mais nous ne bénéficions d’aucune assistance des autorités." 

 

"Nous changerons de comportement"

Après ces premiers échanges entre les deux parties, la rupture semblait consommée… "Nous avons appris à oublier les autorités"résume Françoise Louboyo  dépitée. "Même les récépissés de nos associations pour lesquels nous avons versé de l’argent ne nous sont pas délivrés"s’insurge Julienne Ngotala de "Olingui oyi"  ("Si tu veux, tu viens").

Ces groupements et associations qui, en majorité, œuvrent dans l’agriculture, la pisciculture et l’élevage, souhaitent avant tout bénéficier d’une assistance technique, voire matérielle et financière, afin d’améliorer leurs productions. "Nous avons besoin de l’expertise du secteur agricole, mais ses agents ne nous visitent pas"a renchéri Angélique Kebi. "Le district d’Ewo compte 65 villages et le secteur agricole n’a que deux  agents... Il est donc difficile de visiter toutes les plantations", s’est défendu Lengangui Badissa, chef de service administratif et financier à la direction départementale de l’Agriculture de la Cuvette-Ouest.

Certaines autorités ont toutefois fait leur mea culpa. "Les femmes ont raison. Moi, par exemple, je n’ai jamais visité les champs des groupements de mon quartier. Nous changerons de comportement", promet Jacques Okaka, chef de quartier Ouenzé à Ewo. Engagement pris également par son collègue Emile Kekonda : "Nous comprenons les plaintes des femmes. Demain, les choses pourront changer."

Angélique Onounga, directrice de la Promotion de la femme dans la Cuvette-Ouest a de son côté assuré : "Nous sommes les avocats des femmes. Nous jouerons notre rôle." Les femmes en question, elles, disent qu’elles jugeront le nouveau comportement de leurs autorités à leurs résultats. A la fin du débat, Françoise Louboyo a ainsi lancé : "J’espère que leur engagement est sincère. On les attend au tournant."

Serge Patrick Mankou



14/08/2014
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