Basango-ya-Brazza.

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Diane Scholastique Miangounina

 

Les toiles de l'artiste sont une ode à la vie

 

« Femme je vous aime » chant de Julien Clerc, et aussi l’hymne de Diane qui magnifie la femme au travers de ses fresques. Jeune femme dynamique, Diane est l’une des rares femmes peintres à l’acception de Bill Kouelény Rhode Bath Schéba Makoumbou et Jussie Nsana (artistes peintres) a avoir réussi à inscrire sa touche picturale dans le paysage très étroit de la peinture au Congo. A 43 ans, ses toiles, au delà de la note décorative livrent un message social.


Nous sommes dans les locaux de Diane, lieu de refuge de l’artiste qui grâce à l’habileté de son pinceau ravive son vécu, ses émois et ses passions, ses plaisirs, ses angoisses et ses doutes. Douceur, créativité et sensibilité, voilà quelques mots qui résument l’ouvrage de l'artiste dans lequel la femme est sublimée sous tous ses contours. « La femme est à la base de tout, elle mérite beaucoup d’estime de notre part. Fragile, combative, attirante, affectueuse, elle exprime la vie. La femme belle et attirante  devrait être un model dans son travail comme dans son foyer» a fait savoir Diane qui est de plus en plus scandalisée par l’accoutrement et le comportement de la femme contemporaine qui frôle parfois l’indignité.

 

En réponse à cette déchéance, l’artiste enjolive l’image de la femme par le biais de sa peinture en mettant la femme à l’ouvrage. La précision de son pinceau, fait  émerger les sentiments et les émotions de ces héroïnes, des femmes battantes à l’exemple de la femme paysanne, commerçante,  ménagère. Des femmes actives qui aux yeux de l’artiste constitue le socle de la vie, le socle même du développement d’un pays. On est tout aussi frappé par la complicité entres ces portraits de groupe de femmes, toutes ces facettes figuratives qui s’affichent sur ses toiles bouleversent, fait réfléchir, fait rire.  La palette et la composition des couleurs, à la fois vives et chaudes, gaies et joyeuses, tels ces tons  bleu, rouge, jaune, orange, rouge  qui s’harmonisent  et insufflent  à  ses  toiles  sur peau de bête un assemblage  poétique.

 

L’artiste ne prétend pas reproduire la réalité. «  Je m’inspire de tout ce qui m’entoure pour écrire à ma manière ce que je vie et ressens »  A-t-elle fait savoir. Minutieuse, elle ne laisse rien au hasard, chaque détail est important pour Diane. Et quand elle est à l’œuvre, elle n’hésite pas à garder son travail à ses cotés pour le fignoler et l’ajuster quand elle en ressent le besoin. Sa technique de travail bien que fastidieux lui procure beaucoup de plaisir « J’achète les toiles de peau de chèvres au marché que je nettoie et raffine pour chasser les odeurs. Je peux garder la fourrure comme je peux l’arracher. Ensuite je l’envoie chez le menuisier qui fait les châssis et chez le vannier pour les fils d’attaches « lianes ou raphia » a expliqué l’artiste qui espère devenir une artiste autonome et accomplie.

 

En ce qui concerne ses couleurs d’usage, l’artiste assure  « Je suis très proches de la couleur jaune, verte, rouge et bleue.  On peut facilement déduire mon tempérament et mes émotions par rapport aux couleurs que j’utilise. De  plus tous les jours ne se ressemblent pas, il y a des jours tristes, alors mon pinceau se penche vers des couleurs à la fois mélancoliques et agressifs, mais en général, je ne privilégie pas des couleurs. Seulement, le bleu est toujours présent dans mes toiles, c’est une couleur qui m’apaise et elle me parle» a témoigné l’artiste  qui s’inspire de la vie courante pour crier son ral-le-bol, ses peines, sa joie, son amour pour les femmes.

En outre, la superposition des couleurs et l’exploitation de formes de triangle donnent une tonalité résolument vraie et l’incarnation de la femme au centre de ses embouchures donne lieu à un paysage singulier et optimiste à la fois. De plus, au fil de la visite, on découvre sa philosophie qui se base sur l'amour de la vie, sur un rejet total de la violence, et des horreurs de ce monde.

 

Tirée du réel,sa peinture porte un message social et elle répond aux questions que se pose l’artiste qui prône la diversité et la créativité car dit- elle, «  ces deux éléments constituent le fondement de l’art » .Loin des procédés conventionnels, l’artiste déclare « Je n’ai pas une méthode proprement dit de travail, cela dépend de mon humeur, de ce que je vis et ressens,, des personnes que je rencontre. J’aime le contacte avec les autres, je ne suis pas recroquevillée sur moi, je pars toujours à la conquête de l’autre. » A t-elle avoué

 

Combien coûte un tableau chez Diane

 

« Une toile n’a pas de prix, mais en ce qui me concerne, la fourchette est comprise entre 5000FCFA et plus.  Je voudrais que tout le monde trouve son compte. C’est vrai qu’il y a plus d’étrangers qui payent mes œuvres, mais il y a de en plus de congolais  qui s’intéressent à ce que je fais » a commenté Diane qui espère avoir plus d’acquéreurs congolais dans l’avenir. Et pour cela Diane suggère « qu’il ait d’avantage de journées portes ouvertes dans les école,, des occasions qui permettront aux artistes de montrer l’importance de l’art car le métier d’artiste  n’est  pas souvent considéré à sa juste valeur »

 

Mais au delà de l’éducation des enfants, l’artiste encourage les congolais à consommer ce qui est  réalisé sur les marchés de la place au lieu de se ruer sur la camelote étrangère « il nous revient a nous artistes, appuyé par le ministère de culture de revoir la politique culturelle de ce pays, sinon nous serons toujours submergés par ce qui vient d’ailleurs  » a reconnu la jeune femme qui pense aussi revoir au rabais ses toiles pour permettre à toutes les bourses de s’acquérir ses œuvres..

 

Attentes

 

En ce qui concerne ses attentes, la jeune fille n’y ait pas allé par le dos de cuillère, «  Les autorités et notamment le ministère de la culture doit encourager les artistes en organisant des journées portes ouvertes, en attribuant des diplômes pour pousser les artistes à faire mieux, à avoir un musée ou les artistes pourront exposer leurs tableaux, à multiplier les  espace d’apprentissage pour permettre aux jeunes talents de faire valoir leur travail, bref que l’état s’implique, car  l’art est la vitrine d’un pays ». A fait savoir l’artiste.

 

Enfin quoiqu’elle ne vit pas stotalment de son art, elle déclare  « La peinture est une activité qui vient compléter mon travail de psychologue ce n’est pas tous les jours rose, mais il  y a des jours agréables. Mon travail  me  réserve plein de surprises, il y a des belles saisons. Mais ce qui compte pour moi est que la peinture me procure beaucoup d’énergie spirituellement, c’est un refuge pour moi ». Aussi souhaite t-elle que ces œuvres « aient un effet thérapeutique sur les personnes qui s’en on procurent.  Je voudrais aussi qu’ils aient du plaisir a le partager avec d’autres, car en s’acquérant mon travail c’est aussi une partie de moi-même qui part, c’est une sorte de reconnaissance et c’est réconfortant » a témoigné la jeune femme.

 

De la même manière que la musique, le cinéma, l’artisanat, la sculpture et le théâtre participent au développement culturel du Congo, Diane souhaiterait que « la peinture, même si elle est avant tout le reflet de l’artiste concoure à l’éclosion de la  culture en général. »

Sa passion

Elevée par une femme et entourée dès son plus tendre enfance par des féministes, l’artiste peint la vie sur toutes ses coutures, avec cependant une forte présence féminine. « La présence de la femme sur mes toiles n’est pas anodin. A l’age de 9 ans quand je perds mon père, je suis adoptée par une femme exceptionnelle. Je pense qu’elle m’a beaucoup influencée. L’amour, la patience, le courage de cette femme travailleuse m’ont forgé et ont fais de moi ce que je suis aujourd’hui».

Privé de la présence de son père, Diane se réfugie spontanément dans le dessin « j’ai appris à dessiner par terre et à monologuer toute seule à la mort de père. C'e sont des instants très importants pour moi car ils m’ont permis d’évacuer mon chagrin et  de combler l’absence de mon père » a expliqué l’artiste dont les gribouillis prennent forme au fil des années. Mais ce penchant va momentanément être interrompue car la jeune fille va devoir se consacrer à  sa scolarité. Prise entre les mailles de ses études, Diane est loin de s’imaginer que la peinture fera de nouveau partie intégrante de son univers.

« Le déclic a eu lieu à la fin de sa deuxième année universitaire, après l’obtention de mon DEUG  en psychologie à  l’université Marien Ngouabi » indique le peintre. Son DEUG de psychologie en poche, l’étudiante est orientée vers l’enseignement, ou elle encadre des élèves à la science de la vie et de la terre (SVT) au grand damne de son entourage. Un choix qui parait certes banale sur le coup mais s’avère quelques mois plus tard capital. « La psychologie n’est pas trop loin des arts plastiques. Je l’a définit comme une science sœur, nous utilisons les mêmes méthodes, nous partons de l’observation. Je suis très observatrice des  faits sociaux en tant que psychologue, j’analyse et je donne mon point de vue à travers une écriture, mon écriture plasticienne»

 

En effet, alors qu’elle enseigne dans une école de la place,  son conseiller pédagogique décèle chez la jeune femme des talents d’artistes et lui suggère de s’inscrire à l’école de peinture de Poto-Poto. Un conseil qu’elle prend immédiatement en compte et très vite, Diane Se retrouve entre les murs de la  prestigieuse école. Baignée dans cet univers, Diane est désormais prête à laisser libre court son imagination, à vivre une nouvelle expérience, bref à écrire nouvelle page de son histoire.

Douce et parfois réticente, Diane parle de son travail avec beaucoup de passion, elle nous rappelle nos valeurs profondes, sensuelles, rythmée par la vitalité de la vie.  Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de la côtoyer, ne me démentirons pas, lorsque j'affirme qu'elle est comme ses toiles,  charmante, et  vivante, une pastel  tel la rosée à la  tombée du jour.

Annette Kouamba Matondo

 



07/11/2012
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