Bib Chanel Bibene
Comme de coutume Bib Chanel Bibené, danseur chorégraphe comédien, écrivain en herbe, désormais installé aux Etats Unis en Californie est venu animer les « Ateliers Nzéla » tout dernièrement au mois de juin. Une vingtaine de danseurs de la place ont pris part à ce rendez-vous annuel dit unique par le chorégraphe puisqu’il a combiné simultanément pratique et théorie. Des séances ouvertes qui ont permis aux danseurs de s'emparer de cette discipline. Actuellement en master à l’université de Californie en danse et chorégraphie, l’artiste prépare son festival nommé Kiandanda Dance Theater qui aura lieu le 12 au 13 décembre prochain à San Francisco.
« La formation théorique s’est déroulée autour de plusieurs questions à savoir qu’est ce que la danse, qu’elles sont les différentes formes de danses, comment les artistes utilisent les danses pour en faire des créations artistiques. On a aussi évoqué la question du corps, des fondamentaux de la danse dans un environnement social dans lequel nous sommes avec les difficultés que nous connaissons et comment l’artiste peut palier à ses difficultés » a longuement expliqué Bib Chanel Bibene qui pense que les danseurs devraient être imprégnés de toutes ces notions pour faire cette discipline une véritable passion et non un passe temps temporaire.
« Aussi lors de la formation, on a tenté d’élaboré une espace de charte qui permettrait à l’artiste de vivre de son art même étant au pays attendu que beaucoup de danseurs s’exilent dans l’espoir d’obtenir une meilleure qualité de vie et de travail» a fait noter Bib Chanel qui est conscient que cette réalité perdurera tant qu’on aura pas trouver de solution viable pour stopper ses fuites.
D’où l’importance de la formation comme l’a fait savoir Bib Chanel vu qu’elle a permis « aux danseurs d’acquérir de nouvelles connaissances sachant qu’au Congo, nous ne disposons pas d’école de danse. Et revenir ici pour moi, à une importance capitale car cela me permet de transmettre aux autres artistes ce que j’ai appris à San Francisco».
Une belle et conviviale rencontre comme l’a révélé Bib qui a singulièrement insisté lors de cette formation sur la notion de respiration « En effet, la respiration rend le mouvement visible, elle nous met en harmonie avec nous même, la scène et le public» a fait savoir l’artiste
Ainsi, pendant trois jours, entre 10h à 15 h et parfois au delà, les danseurs se sont laissés prendre entre les mailles de Bib Chanel qui été agréablement surpris par l’engouement des artistes « Au départ la formation était adressée aux danseurs professionnels mais par la suite, nous avons ouvert nos portes aux amateurs et artistes d’autres disciplines au vue des sollicitations » a dévoilé Bib qui a été heureux de former une vingtaine d’artistes. « l’’objectif de ce rendez vous était de ne pas se retrouver avec une pléthore d’artistes et ne plus savoir quoi en faire » a Indiqué Bib qui a voulu faire profiter son expérience aux artistes de la place.
« Ce qui m’impressionne en Californie c’est leur manière de travailler. Ce sont des gens qui sont toujours dans l’innovation, et prennent beaucoup de risque. Je voudrais aussi voir cet engouement prendre racine au sein des artistes chorégraphes de la place. Je voudrai que nous artistes congolais, nous acquérions cet esprit de travail, d’innovation, pour révolutionner les choses » a informé Bib Chanel.
Désormais installé en Californie ou il a bénéficié d’une aide de l’état de San Francisco, Bib se bat bec et ongles pour ne pas perdre la confiance de ses donateurs en travaillant d’arrache pied « c’est vrai qu’au départ ce n’était pas facile, surtout que je ne parlais pas bien anglais, mais à force de travail, les choses marchent plutôt bien. L’ego tue nos créations artistiques et certains pensent plus on est âgé, plus on est meilleur que les autres. Les américains eux savent mettre leurs conflits et leurs différences de coté pour réaliser leurs rêves.»
Aujourd’hui le souhait de Bib est d’unir les compétences «je voudrais encourager les danseurs congolais à rêver ensemble car cela appartient aux artistes de révolutionner les choses. Les danseurs doivent créer des mouvements et savoir que les difficultés qui surviennent sont les mêmes dans le monde entier ». Rêver, avoir des ambitions, tels est la substance du message de Bib qui estime que la formation reste capitale et pousse l’artiste à se perfectionner même dans son pays.
« Les artistes qui vont s’installer en Europe, ne comprennent pas toujours dans quel piège ils tombent, puisque ça été pour beaucoup le début de leurs déchéances. Certains abandonnent l’art parce qu’ils sont submergés par des factures qu’ils n’arrivent pas à régler » a expliqué Bib qui ne cesse d’encourager ses amis à se former.
« Un artiste ne peut être un analphabète, c’est inadmissible, on voit des jeunes danseurs qui ont arrêté d’aller à l’école, mais on ne peut pas faire de l’art sans avoir la connaissance. Moi je dis aux danseurs, vous ne pas faire des répétitions 24/ 24, il faut trouver du temps pour aller se former.»
Quand à ceux qui s’exilent Bib ne peut les blâmer, il dit « On connait les humiliations que nous subissons avec les demandes de visas, certains font des jeunes et des prières pour la demande de visas, ce n’est pas normale. Il y a aussi la pression familiale, et les préjugés qui ont la peau dure vu que dans la tète de beaucoup de congolais la réussite c‘est en Europe.»
Enfin Bibene sort d’une lourde saison entre spectacles et cours en master, il participera les 16, 17 et 18 octobre au Trolley Dance à San Francisco, un festival urbain. En pleine préparation de Kiandanda Dance Theater, son festival (qui est déjà à sa quatrième édition) qui au aura lieu du 12 au 13 décembre prochain avec en marge une semaine de formation, Bibene espère de tout cœur que la danse au Congo prendra un nouvel envol.
Berna Marty
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