Babeth Ebeka Mulumba BEB)
« Love with all your heart »
Pasteur, militante des droits humains, agent de la FMI, épouse et mère, de six enfants, Babeth Ebeka, la trentaine révolue, à un parcours exceptionnel. Sa maxime « love with all your heart », aimer avec tout son cœur en français est un d’un credo qu’elle s’est imposée dans ce qu’elle entreprend et cela lui réussit. Rencontre
AKM-Production : Pouvez vous, vous présenter (parcours scolaire et professionnel) ?
Babeth Ebeka: J’ai 20 ans d’expérience professionnelle, j’ai commencé comme administrateur, puis manager d’entreprise, ensuite assistante juridique, et enfin assistante comptable. J’ai eu le Bac A2 au Lycée français d’Addis-Abeba, et un bachelor degree en comptabilité (soit, Bac+4) à Washington, DC.
AKM-Production : Depuis combien temps travaillez vous à la FMI et quelles sont vos taches au quotidien ? Comment avez vous été recruté à ce poste ?
Babeth Ebeka : Je suis au Fonds Monétaire International depuis avril 2002 ou j’ai été recrutée comme secrétaire. Grâce a mon bagage professionnel, et après avoir parfait mon cursus universitaire dans l’entre-temps, j’ai gravi les échelons en saisissant les opportunités qui se sont offertes à moi. Actuellement, je suis Responsable Budget de la Division de « Lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ». Ma tache consiste à projeter, surveiller et analyser les dépenses annuelles de la division.
AKM-Production : Vous vous occupez de la cause féminine et de l’enfance difficile au travers des actions ponctuelles, qu’est ce qui vous motive ? Est ce le faite d’être mère ou tout simplement un besoin de venir en aide à ces êtres (femmes) qui sont la plupart du temps relégués au second rang dans la société africaine?
Babeth Ebeka: Mon désir d’aider une personne à réussir ses projets ; et ensuite, les gens ont commencé à me renvoyer des cas de femmes africaines qui ont parfois du mal à s’adapter à leur nouvelle vie au Etats Unis. En outre, je ne suis pas certaine que les femmes africaines soient reléguées au second plan parce que notre société dépend beaucoup de la femme. Je crois que parfois elles ont limité leurs opportunités. Et j’essaie d’aider sur ce plan là, dans la prise des opportunités et maximiser leur développement.
AKM-Production : Vous êtes très impliqué dans la vie sociale dans l’état de Maryland ou vous oeuvrez au sein de votre église ? Pouvez vous nous partager votre expérience ?
Babeth Ebeka: Pendant plusieurs années je travaillais de manière indépendante. Les services sociaux de l’état sont très développés et gratuits aux Etat-Unis où je vis, mais les procédures administratives sont souvent complexes. Donc, quand on me présente quelqu’un j’essaie de l’aider à comprendre le système et de bénéficier de tout les services disponibles. Cette année, j’ai fondé un ministère chrétien ici dans l’état du Maryland qui va s’occuper de travailler avec les autorités pour aider les communautés. Le ministère n’est pas limité aux femmes africaines, mais est ouvert à toute personne qui est dans le besoin.
AKM-Production : En tant que femme pasteur, avez-vous eu du mal à vous imposer dans votre entourage professionnel?
Babeth Ebeka: M’imposer ? Je n’ai pas besoin de le faire. Dans le travail de Dieu, nous sommes appelés à servir notre entourage. C’est souvent une erreur de vouloir se faire accepter par les autres. Je pense que le fruit de notre travail s’impose sans qu’on ait à se débattre pour ça. Pour moi, je n’exige pas cette reconnaissance. C’est vrai qu’aujourd’hui dans nos églises de réveil, les titres sont devenus les positions de dirigeants au lieu de serviteurs. Le titre de pasteur c’est en fait mon titre de travail à l’église Centre Chrétien de la Victoire,
AKM-Production : Les femmes ou les jeunes filles au niveau de votre ministère, ont elles des réunions ou des enseignements en ce qui concerne leur engagement dans le développement durable de leur espace pays ?
Je pense que la progression logique d’une meilleure qualité de vie individuelle, c’est une meilleure vie dans la société. Je crois que lorsqu’ une jeune fille devient une femme responsable, forte, et entrepreneur, comme nous le décrit le Proverbe 31, elle sera une femme et une mère capable d’élever des leaders pour sa nation et pour le monde. Et par ses entreprises, elle participera directement au développement économique de son pays, quel qu’il soit. Donc, l’une de nos occupations c’est de soutenir les femmes, à tout âge, par des enseignements bibliques qui les rendent fortes et prospères.
AKM-Production : Dans la ville ou vous travaillez, les femmes ont elles conscience que leur indépendance financière peut changer leur vie ?
Babeth Ebeka : Bien entendu. Le défi que nous avons à relever ce n’est pas au niveau de la prise de conscience, parce que tout le monde veut être financièrement indépendant dans le but d’une vie plus satisfaisante. La difficulté à la quelle nous faisons fasse c’est de donner aux femmes une confiance en soi ; les emmener à croire qu’en Jésus-Christ elles sont capables d’atteindre cet indépendance financière même si elles ne sont pas mariées. Nous voyons souvent les femmes se décourager et jeter l’éponge parce qu’elles se minimisent en pensant que sans un appui masculin, elles ne pourront pas prospérer financièrement. Je ne dis pas que les femmes n’ont pas besoin de se marier, mais je dis simplement qu’elles peuvent commencer à se supporter avant même de se marier !
AKM-Production : Les discriminations entre femme et homme sur le plan professionnel, en plus d’être présentes sont en nette augmentation quelle serait votre contribution à une meilleure prise ne charge de la femme en tant que femme et pasteur?
Babeth Ebeka: Je ne sais pas si cette discrimination est en augmentation, mais je sais que dans beaucoup de compagnies et d’organisations internationales, il y a un effort constant pour augmenter l’accession des femmes aux positions de décideurs, et ce depuis plusieurs années. Même en Afrique et en Asie, nous voyons une croissance, même si elle est lente, du nombre de femmes ministres, ambassadeurs, et présidents. C’est entrain de se répercuter dans les entreprises aussi. Pour moi, ce que nous devons faire c’est continué à redonner aux femmes de la confiance en soi, pour qu’elles croient en leur capacité.
AKM-Production : En tant que pasteur que pensez-vous de l’égalité entre hommes et femmes ?
Babeth Ebeka: Nous sommes égaux dans le fait que nous sommes la même espèce, nous sommes des êtres humains. Au-delà de ce niveau, ça dépend de ce que chacun entend par égalité. Biologiquement, nous sommes différents, les femmes ont des organes que les hommes n’ont pas, et vice versa. Psychologiquement, les femmes sont plus dirigées par leurs sentiments que par leur raison, pendant que les hommes, sont plus dirigés par leur raison que par leurs sentiments ! Dans la famille, comme dans toute organisation, il faut une répartition des rôles, et il faut un chef d’équipe. L’homme est le chef de l’équipe parce que c’est lui qui a été crée d’abord et c’est lui aussi le porteur de la semence de vie. Les parents font bien entendu le même travail : ils pourvoient tous les deux aux besoins de leur famille. Dans l’ordre, tout fonctionne à merveille. Au niveau professionnel maintenant nous parlons d’égalité, parce que les tâches et les responsabilités sont exactement les mêmes. Qu’un comptable soit femme ou homme, les tâches sont exactement les mêmes, donc au même grade, la paie devrait être la même, et nous les femmes sommes encore entrain de nous battre sur ce point. Nous croyons que nous y arriverons !
AKM-Production : Si pouvez jauger les avancées sur la question féminine entre l’Amérique et l’Afrique, quelle serait votre appréciation ?
Babeth Ebeka: Malheureusement, je ne suis pas une grande connaisseuse des avancées féminine en Afrique. Par contre, il y a un grand effort qui s’est fait ici en Amérique pour protéger les femmes au travail, pour leur donner l’accès facile à la création des entreprises, et à l’éducation jusqu’au niveau doctorat. Le gouvernement peut subventionner les frais de garderie pour permettre à une mère de reprendre ces études, ou de les continuer, par exemple. Ils ont aussi des programmes seulement pour les entreprises des femmes pour leur donner la priorité sur les contrats de l’Etat. Le harcèlement sexuel est considéré comme un crime et ceux qui le pratiquent sont punis sévèrement non seulement qu’ils perdent leur travail, mais dans certains cas ils risquent aussi la prison.
AKM-Production : En tant que pasteur femme quel est votre point de vue sur l’avortement des adolescentes ?
Babeth Ebeka: La bible est clair sur le sujet : nous sommes appelés à ne pas tuer. L’avortement des adolescentes est une triste réalité ; ça brise le cœur de voir tant de jeunes filles mettre leur vie en danger parce qu’elles n’ont pas été capables de s’abstenir de rapport sexuel. L’avortement est un mal qui vous suit pour le reste de votre vie parce qu’il crée une ombre, une malédiction sur votre destinée. Que vous le vouliez ou non, que vous le croyiez ou non. Nous devons protéger nos jeunes filles, nous devons leur apprendre comment vivre pour rester sous la bénédiction et la protection de Dieu. Nous devons leur apprendre comment se comporter autour des garçons, et donner de la valeur à leur propre personne, et à leur famille. Nos filles vont devenir les mamans qui éduquent des héros, des leaders dans le monde ; pour cela, il faut que nous travaillions sans relâche pour les aider.
AKM-Production : Votre église a -telle l’ambition de s’étendre sur l’ensemble de l’Afrique ?
Babeth Ebeka: Pas pour le moment. La vision que Dieu nous a donné c’est gagner le plus grand nombre en Christ pour faire d’eux des champions dans ce monde, des hommes et des femmes qui marchent dans la victoire dans tous les domaines de leur vie, et sont capables d’influencer leur environnement avec le bien et le salut de Jésus-Christ.
AKM-Production Quels conseils pouvez-vous donner aux autres femmes qui désirent devenir pasteur ?
Babeth Ebeka: Pour celles qui veulent servir Dieu dans le ministère (pas seulement le pastorat), elles désirent une chose merveilleuse. C’est le travail par excellence. Tout les conseils que je pourrais donner se résume en ceci: soyez fidèle à Dieu, aimez-Le de tout votre cœur, de toutes vos forces, et de toute votre âme. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’excuses et il n’y a pas de compromission avec le monde. Il faut appeler « péché » ce que Dieu appelle « péché ». Aimer Dieu, c’est lui obéir, quelque soient les circonstances. Et aimer Dieu, c’est aimer tout le monde selon la définition de l’amour dans 1 Corinthiens 13 : l’amour pardonne tout, supporte tout, excuse tout, croit tout, ne soupçonne pas le mal etc. Le Saint-Esprit nous rend capable d’obéir sans compromis, et d’aimer comme Dieu nous a aimés.
AKM-Production : Pasteur, agent de la FMI, épouse et mère. Comment arrivez vous à concilier toutes ses casquettes ?
Babeth Ebeka: Comment concilier ? Par la bonne volonté à bien faire, Dieu m’aide chaque jour. Je ne compte que sur sa grâce avec le Saint-Esprit. Je m’éduque constamment et sur tout ce qui peut m’aider à m’améliorer en tant qu’épouse, en tant que mère, et aussi professionnellement. On n’a jamais fini d’apprendre et comme disait l’Apôtre Paul, « je ne pense pas avoir atteint le but ». Beaucoup d’autres femmes font ce que je fais, mais sans Dieu, il y a toujours un côté qui en pâti : soit la relation maritale devient fade, soit les enfants deviennent délinquants, soit on néglige son boulot, soit le ministère est souvent en pause. Pour moi, tout marche à merveille à cause du Saint-Esprit. Je dois aussi mention mon mari, qui est un homme craignant Dieu et qui aime les gens. Il m’aime et me soutient beaucoup et m’encourage quand j’ai de nouvelles idées, des nouveaux projets. Ça me donne une force à tout affronter !
AKM-Production : Quelle force vous anime pour ne pas baisser les bras quand on sait que les conditions de vie de la femme au quotidien ne sont pas des meilleures?
Babeth Ebeka M: Comme j’ai dit plus haut : c’est l’aide du Saint-Esprit. La bible m’apprend que je suis de la race du lion, le héros des animaux qui ne recule devant qui que ce soit (Proverbes 30:30). Quand Dieu m’a ouvert une porte, je la franchi et je marche quelque soit les difficultés parce que la victoire est certaine. Comme Dieu est avec moi, mes ennemis ne peuvent jamais me vaincre. Ma foi dans le Dieu puissant à qui j’ai accès en Jésus-Christ, c’est elle ma force !
AKM-Production : A quoi ressemble une journée de Babeth ?
Babeth Ebeka: En gros et en général, 5h prière, 6h m’apprête avec le bébé, m’assure que tout les enfants sont aussi entrain de s’apprêter pour l’école, bisous à tout le monde, 7h00 départ pour le FMI, 18h retour à la maison, temps avec les enfants à faire les devoirs, à discuter et rigoler un peu, à préparer et dîner, 22h les enfants au lit, je suis dans le 2e ministère, 1h dodo. (Le 1e ministère, c’est ma maison).
Propos recueillis par Annette Kouamba Matondo
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