« Bimbanbukila »,
Jussie Nsana Banimba
De la peinture à la vidéo
« Bimbanbukila », première vidéo Jussis Nsana pose le problème de mémoire. Réalisée lors des ateliers SAHM, qui se sont tenus du 15 novembre au 15 octobre dernier à Brazzaville, cette première réalisation de l’artiste nous emmène au cœur de Brazzaville ou l’artiste magnifie le mur sous toutes ses coutures. Des murs qui deviennent des espèces de témoins, de ponts entre le passé et le présent.
Bimbanbukila, (qui signifie souvenir en français) vidéo de cinq minutes de Jussie Nsana pose le problème du temps dans un quartier de Brazzaville que l’artiste revisite au travers de sa caméra. Le temps qui s’écoule inéluctablement entre nos doigts, qui emporte hier, nous rapproche de demain avec ses changements positifs comme négatifs. Ce film est une manière pour l’artiste de figer le temps et de le conserver dans sa mémoire.
Du début jusqu’à la fin de la projection, on voit des murs (gris, blancs, lézardés, composés de tôles), récents comme anciens juxtaposés les uns aux autres sur lesquels défilent une dizaine de personnages, exécutant des mouvements circulaires avec leurs bras.
Le choix porté sur les enfants comme personnages cibles indique indubitablement la notion de changement, qui est renforcé par les mouvements du corps et des mains des protagonistes. De plus chaque séquence de ce film donne lieu à une nouvelle piste qui consolide l’idée de la mouvance et de l’évolution architecturale de Brazzaville à travers la construction des nouvelles bâtisses.
Si on est un peu gêné au début du film parce qu’on ne perçoit pas tout suite la pensée de la réalisatrice, celle de la conservation du patrimoine architectural, on change rapidement d’avis parce que ces murs, nouveaux et anciens qui cohabitent et se confondent souvent font naître en nous un sentiment d’affection. Une émotion qui est exprimée par le jeu des acteurs qui s’accrochent aux murs, les touche en allant de gauche à droite, de droite à gauche pour se fondre dans un nuage noir. On communie, dialogue, on se sent complice, en harmonie avec ces remparts.
Nostalgique, elle déclare « j’ y ai joué avec des amis, j’ai vu des amoureux y trouver un abri, bref ces murs représentent pour moi des folles et magnifiques histoires… ». Cependant au delà de ce coté spleenétique et loin d’être hostile à la transformation de la ville, Jussie revendique la préservation de certains sites et de ce fait, sa vidéo pose la question de mémoire puisque l’artiste désire perpétuer ces vieilles constructions dans ses souvenirs
Si ce premier jet n’est très aboutit, l’artiste a néanmoins trouvé un fil conducteur qui a happé notre attention durant toute la projection. On retient donc que le changement est un mur infranchissable pour l’artiste.
Et le choix de faire intervenir les enfants dans sa vidéo n’est pas anodin car l’artiste veut réconcilier les enfants avec le passé, en ce sens, le mur devient ici le témoin, le relais entre cette nouvelle génération et l’ancienne. « Je veux juste garder dans ma mémoires ces bâtisses » a déclaré la vidéaste
Un voeux certes un peu égoïste mais que l’artiste assume pleinement.
Annette Kouamba Matondo
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