Basango-ya-Brazza.

Ivannovich Mbaya, artiste peintre congolais sort de ses gants avec sa toute dernière exposition nommée génération Y O. Une œuvre essentiellement constituée de lames Gilettes, une arme que l’artiste utilise pour dénoncer le pouvoir du MP3 qui à l’origine était destiné au divertissement s’est insidieusement transformé en élément d’éloignement entre les hommes. Une composition qui évolue depuis sa découverte il y a un an aux ateliers Sahm, reste toutefois du travail à faire pour trouver son propre chemin, son langage. 

Un mot sur votre dernière exposition intitulée Génération Y.O?

Ivanovich Mbaya : Y O est une nomination, je m’appelle Yvanovich, et la lettre Y exprime ma génération qui est éprise du MP3, un outil certes de divertissement mais qui isole de plus en plus l’homme. Il est donc à mon avis une des causes de la dégradation des relations entre les hommes. Ma génération ne communique plus et le baladeur est devenu une espèce d’entrave aux échanges dans les familles, à l’école, dans la vie de tous les jours. A la maison, comme dans les transports en commun, dans les stations de bus, les jeunes, casques aux oreilles et musique à fond vivent dans leurs petit monde et ne font plus attention aux autres. En partant de cette observation, j’ai décidé de faire un travail sur moi d’abord et aussi sur les autres. D’où la génération YO.

 Et donc pour vous le baladeur MP3 empiète de plus en plus dans l’intimité des jeunes ?

Ivannovich Mbaya : Effectivement, cette génération sans s’en rendre compte a perdu la notion de d’échange. Et je pense que c’est un danger car le manque de communication peut conduire à l’isolement qui aboutit parfois au cas de suicide, de stress… En fait, on préfère noyer nos soucis, dans la musique et dans la boisson au lieu de communiquer. Je voudrais dénoncer ce comportement afin que dans les jours à venir les jeunes prennent conscience car cette nouvelle technologie ne fera qu’amplifier les barrières entre les humains si on n’y prend garde. D’ailleurs, mon prochain travail nommé « workin progress » va dans le même sens.  J’ai une fois de plus voulu mettre l’action sur MP3. car quand j’ai mes écouteurs aux oreilles, ma musique qui tourne en boucle, le monde autour de moi s’efface, c’est le vide et je suis replié sur moi-même. De la même façon que le baladeur MP3 apporte de la joie, le défoulement en dansant, il nous éloigne parfois de nos véritables priorités, comme discuter en famille, conseiller ou renseigner une personne.

 La lame Gilette est le fil conducteur de ton travail, pourquoi le choix de cet outil ?

Ivannovich Mbaya : La lame exprime pour moi la déchirure, c’est un objet  qui coupe, détruit,  blesse  parfois et par conséquent fait du mal. Je place ces Gilettes sur mes toiles pour justement exprimer la destruction, la dégradation des relations humaines causées par le MP3 (instrument de musique).

Annette Kouamba Matondo

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NB : Ateliers SAHM dirigée par Bill Kouélany (artiste peintre, sculpteur et auteur), cette structure a entre autres objectifs de mettre en lumière de nouvelles pousses dans le domaine de la peinture. Elle a ouvert un ses portes l’année dernière avec plusieurs activités artistiques : la vidéo, la peinture et aussi une formation dans la critique d’art